Le président, au pouvoir depuis 1999, présentait un visage livide, les yeux hagards et la bouche ouverte sur une photo publiée par le Premier ministre français sur Twitter.
La récente diffusion d’une photo du président algérien Abdelaziz Bouteflika, 79 ans, où il semble très affaibli a relancé les spéculations sur sa succession et la personnalité qui le remplacera. Toute la semaine, la presse et les réseaux sociaux se sont émus après la diffusion de ce cliché montrant le chef de l’Etat dans une situation peu avantageuse en recevant le 10 avril le Premier ministre français Manuel Valls.
Le président, au pouvoir depuis 1999, présentait un visage livide, les yeux hagards et la bouche ouverte.
«La visite de Valls a mis fin à un mensonge» et «les Algériens découvrent un président qui n’est pas en mesure de conduire le pays jusqu’à la fin de son mandat en 2019», a jugé le 14 avril le quotidien francophone El Watan.
M. Bouteflika, qui ne se déplace plus, y reçoit notamment les dirigeants étrangers en visite à Alger. Comme ce fut le cas pour le Premier ministre français qui a tweeté la photo du rendez-vous. Ce tweet a été qualifié d’«acte désobligeant» par le chef de cabinet de M. Bouteflika, Ahmed Ouyahia, cité dimanche par la presse.
Une coquille vide
«Le tweet de Valls a eu un retentissement international qui ne restera pas sans suite. Bouteflika va se hâter de proposer un successeur parmi ses proches», estime Rachid Tlemçani, professeur de sciences politiques.
Les images diffusées «sont un nouveau révélateur du paradoxe algérien», note de son côté le politologue Hasni Abidi. «Il y a un président qui a des pouvoirs exorbitants qu’aucun autre avant lui n’avait eus mais on ne sait pas qui les exerce», dit-il, en rappelant que M. Bouteflika «a anéanti le contre-pouvoir» des tout-puissants services de renseignement.
Le chef de l’Etat a en effet dissous fin 2015 le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) après avoir limogé le général Mohamed Mediene, dit Toufik, qui a dirigé cet appareil pendant 25 ans, faisant de lui un Etat dans l’Etat. Son éviction a fait de M. Bouteflika un dirigeant à la signature duquel est suspendue la carrière de tout haut fonctionnaire ou gradé.
«Jamais la vie politique nationale n’a été autant dominée par un seul homme», remarque encore M. Abidi. Mais sa maladie lui permet-elle d’exercer réellement les pouvoirs conférés par la Constitution? «On gouverne en son nom», estime le politologue.
Pour autant, objecte un diplomate occidental, «il n’y a rien de surprenant»aux dernières images du président. «Tout le monde sait qu’il a des difficultés d’élocution et de mobilité» depuis un AVC qui l’avait conduit en 2013 à un séjour suivi d’une convalescence de près de trois mois à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris.
avec slateafrica