Le Conseil de sécurité des Nations unies a mis à jour début avril sa liste des sanctions imposées à des entités et des personnes considérées comme des menaces à la sécurité mondiale. Sur le continent, quels sont les États et les individus visés ?
Ils sont au moins 13 États africains à s’être retrouvés, à un moment ou un autre de leur histoire, sous le coup de sanctions de l’ONU. Ce qui fait qu’inversement la majorité des pays du continent – près de 40 – n’ont jamais vu le Conseil de sécurité recourir au régime des sanctions pour « faire respecter la volonté de la communauté internationale ».
« Ne pas avoir été sanctionné par les Nations unies ne signifie nullement que l’État en cause est un bon élève : certaines puissances – la Russie et la Chine en particulier – font souvent barrage pour empêcher le vote des mesures contre certains États membres, voire certaines personnalités », nuance un diplomate occidental. Beaucoup de pays africains qui ne figurent pas sur la liste des États sanctionnés auraient en réalité très bien pu l’être.
Les principales sanctions que décide le Conseil de sécurité quand il s’agit de punir un pays ou des individus sont l’embargo sur les armes, les interdictions de voyager, les sanctions financières, diplomatiques ou économiques.
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Vos compatriotes figurent-ils sur la « liste noire » ?
Le Conseil de sécurité détient également une liste noire des personnes qui constituent une menace pour la paix dans le monde. Mis à jour le 1er avril, ce répertoire unique compte 631 noms dont ceux d’au moins 160 ressortissants du continent.
Ces 160 Africains sont des nationaux de 20 États, avec une prédominance de ressortissants du Maghreb : 75 personnes (47 %) proviennent de la Tunisie, l’Algérie, la Libye ou l’Égypte. On y trouve également 18 Congolais, 10 Bissau-guinéens et 10 Rwandais.
Passez la souris sur les barres pour voir le nombre de ressortissants de chaque État africain inscrits sur la liste noire.
Qui sont ces personnes reprises sur cette liste noire ? Une note du Conseil de sécurité précise qu’elles ne sont « pas toutes soumises au même régime des sanctions et n’ont pas été inscrites pour les mêmes motifs ». Leur point commun : représenter une menace contre la paix.
Tunisie : 26 ressortissants sur la liste noire, la majorité pour terrorisme
Entre 2002 et 2015, 26 Tunisiens ont été inscrits sur la « liste noire » du Conseil de Sécurité, dont près de la moitié au cours de l’année 2003. Ils sont pour la plupart impliqués dans des activités terroristes. C’est le cas, par exemple, de Seifallah Ben Hassine, fondateur du Groupe combattant tunisien et chef de Ansar al-Charia en Tunisie, de Tarak Ben Taher, membre dangereux et actif d’Al-Qaïda en Irak depuis 2004 (il héberge aussi, en Syrie, des membres d’Ansar al-Charia en Tunisie, pour qui il agit comme intermédiaire), ou encore d’Imed Ben Mekki Zarkaoui, détenu en France depuis le 1e février 2010 après son inculpation pour complot en rapport avec une organisation terroriste.
Algérie et Libye : 19 ressortissants
Côté algérien, on trouve essentiellement des personnes en lien avec Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). À l’instar de Djamel Akkacha, coordonnateur des groupes associés à Aqmi au nord du Mali. Côté libyen, ce sont majoritairement des dignitaires de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi et des commandants islamistes libyens qui sont mentionnés.
RD Congo : 18 ressortissants
Avec ses 18 ressortissants épinglés, la RD Congo est le seul pays d’Afrique subsaharienne dans le top 5 des États africains qui comptent le plus de nationaux sur la liste noire du Conseil de sécurité. Les rébellions qui se sont succédé dans l’est du pays ces dernières décennies ne sont pas étrangères à cette triste performance. Laurent Nkunda, Jules Mutebusi, Sultani Makenga, pour ne citer que les principaux chefs rebelles, figurent en effet sur la liste.
Guinée Bissau et Rwanda : 10 ressortissants chacun
Si en Guinée-Bissau, les 10 personnes inscrites sur la liste sont membres du commandement militaire qui a assumé la responsabilité du coup d’État du 12 avril 2012, les 10 Rwandais appartiennent, eux, aux Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
10 autres États africains : entre 3 et 7 ressortissants
Il s’agit de la Somalie (7), la Centrafrique (6), le Soudan du Sud (6), la Côte d’Ivoire (5), le Soudan (4), le Maroc (4), le Kenya (3), le Mali (3), la Mauritanie (3) et l’Ouganda (3).
L’on y trouve entre autres deux anciens chefs d’État, le Centrafricain François Bozizé et l’Ivoirien Laurent Gbagbo. Ainsi que le Soudanais Oumar Younous, trafiquant de diamants, général trois étoiles des Séléka et proche confident de l’ancien président par intérim de la République centrafricaine, Michel Djotodia.
Les Ivoiriens Simone Gbagbo, Martin Kouakou Fofié (commandant des Forces nouvelles pour le secteur de Korhogo), Eugène N’Goran Kouadio Djué (dirigeant de l’Union des patriotes pour la libération totale de la Côte d’Ivoire) et Charles Blé Goudé (dirigeant du Congrès panafricain des jeunes et des Patriotes) figurent aussi sur la liste.
Le Somalien Hassan Abdullah Hersi al-Turki, lui, fait partie des responsables de l’Union islamique (Al-Itihaad al-Islamiya) et serait impliqué dans les attentats contre les ambassades des États-Unis à Nairobi et à Dar es Salaam en août 1998.
Nigeria, Sénégal et Tanzanie : 1 ressortissant
Sans surprise, le Nigérian Abubakar Mohammed Shekau, commandant de Jamaatou Ahl es-Sunna lid-Daawaati wal-Jihad (Boko Haram), se trouve en bonne place, mais seulement depuis le 26 juin 2014, après la multiplication des exactions de ses hommes comme les populations civiles dans le nord du Nigeria.
Quelques mois plus tard, le 29 septembre de la même année, le Sénégalais Oumar Diaby, l’un des leaders d’un groupe armé lié à Al-Nusrah Front populaire du Levant, actif dans la propagande terroriste sur internet, a été lui aussi inscrit. Rejoignant ainsi le Tanzanien Ahmed Khalfan Ghailani dont le nom est mentionné sur ce répertoire noir depuis le 17 octobre 2001.
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Jeune Afrique