La lecture n’a que des avantages. Elle est le meilleur moyen pour l’apprentissage, le développement mental et l’expression orale. Elle développe les fonctions cognitives dans des proportions étonnantes. Lire est du meilleur profit à tout âge.
Il existe un risque de voir la lecture supplantée par les médias modernes avec, pour première conséquence, une détérioration des facultés mentales et l’augmentation de l’illettrisme. Voyons quelques-uns seulement des bienfaits de la lecture, comparativement à ces autres médias.
Pour faire un parallèle classique, confrontons la lecture et la télévision sur les plans cognitif et psychologique. Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous regardons la télévision ? En réalité, ce sera vite fait : il ne se passe pratiquement rien !
La télévision n’est plus à la page
Pour nous en convaincre, mentionnons les résultats d’examens réalisés avec un enregistreur d’ondes cérébrales. Devant un écran de télévision, le système montre une prédominance d’ondes alpha dans le cerveau. Ce sont les ondes typiques d’un état de relaxation. En d’autres termes, devant un téléviseur, on ne pense à rien ! L’esprit est dans un état entre la veille et le sommeil, état le meilleur quant à être suggestible, ce que les publicitaires savent bien. Il n’y a bien que quelques documentaires de bout goût, en proportion, assez rares, qui limitent encore les dégâts.
Mais il y a plus « grave ». Cet état est appelé état de fascination secondaire. Il implique une forme d’isolement sensoriel, un peu comme si les systèmes de perception étaient provisoirement « débranchés ». Du coup, il se produit cette espèce « d’hypnose » qui fait de nous des êtres présents de corps mais pas d’esprit. Bref, l’activité cognitive et sensorielle est réduite à sa plus simple expression, tendant vers zéro.
Devant la télévision, nous sommes présents de corps mais pas toujours d’esprit.
D’un point de vue seulement logique, c’est compréhensible. La télévision pense à notre place, en présentant, selon les intentions du metteur en scène ou de la production, les expressions, voix, décor, environnement, etc. Il n’est donc pas nécessaire de faire un quelconque effort d’imagination ou de représentation. En quelques heures, ce sont des milliers d’images qui vont défiler, parfois très vite, devant vos yeux. Or, cet enchaînement ne laisse aucun répit pourtant utile pour assimiler ce qui vient d’être vu et entendu. « Cette technique déclenche littéralement une baisse de la concentration », affirme le docteur Matthew Dumont.
Cette incapacité devient défaillance psychologique. Des études signalent en effet que ceux et celles, petits et grands, qui passent des heures devant un écran de téléviseur, développent unetendance à l’impatience – en lien avec la fébrilité passive acquise devant la télévision – et sont souvent agités ou agissent inconsidérément, comme sur des coups de tête. L’impact porte sur les relations sociales, professionnelles et familiales. En extrapolant à peine un peu, ce ne sont pas les jeux vidéos dits « d’action » qui vont inverser la tendance.
Les immenses bienfaits de la lecture
Pour rester jeune et belle… au moins dans sa tête.
La lecture est autrement plus riche. Il faut décider par nous-mêmes des visages, des genres, des lieux, etc. Et cette implication met en œuvre une infinité de capacités cognitives, pour leur plus grand bien.
Si, par exemple, vous lisez (comme présentement) le mot « maison », que se passe-t-il dans votre tête ? Votre cerveau va chercher dans votre mémoire tout ce qu’il sait sur les maisons. Parmi les résultats, il va sélectionner ce qui correspond au mieux avec ce qui semble lié au contexte. Selon que l’action se déroule en Alaska ou à l’équateur, la représentation de la maison sera différente.
Ensuite, les dimensions de l’édifice seront variables, toujours selon les éléments du livre. La maison abrite-t-elle une famille ? Des gens aisés ou pauvres ? Et ainsi de suite, jusqu’à former une représentation cohérente avec l’ensemble. Ces milliers d’opérations se sont déroulées en quelques fractions de secondes, et avec un seul mot. Imaginez le bouillonnement mental qui a lieu dans l’esprit à la lecture de tout un livre ou un article ! Or, de l’avis de tous, seule une activité mentale soutenue et régulière peut développer nos facultés cognitives et surtout les préserver en cas de dégénérescences.
Avec la lecture, « On fait ce qu’on veut, dit un lecteur de 10 ans. On peut imaginer chaque personnage comme ça nous plaît. Quand on lit un livre, on dirige plus les choses que quand on regarde la télé. » Le psychanalyste Bruno Bettelheim faisait observer que « la télévision bride l’imagination au lieu de la libérer. Un bon livre stimule l’esprit, mais le libère en même temps ».
Il est vrai que la télévision reste excellente lors, par exemple, de présentations documentaires où les images renseignent sur certains aspects. Mais au-delà des seuls avantages visuels, le texte écrit reste la meilleure source d’informations et d’apprentissage. « On a remarqué que des émissions adaptant pour la télévision des livres pour enfants ou des thèmes scientifiques incitent les jeunes à se tourner vers des livres abordant ces sujets. », d’après The Encyclopedia Americana. Avec équilibre, il semble donc possible d’user intelligemment de ces moyens d’information. Reste que sur le plan cognitif, la lecture remporte tous les suffrages.
« Il n’y a absolument pas d’autre moyen d’acquérir un vocabulaire étendu que de lire. »
Plus fort encore, la lecture est intrinsèquement liée à nos capacités orales. Autrement dit, si vous voulez parlez mieux et plus juste, lisez et lisez encore. Certes, l’exercice oratoire réclame lui aussi un entraînement, voire une formation. Mais ce qui alimente l’expression orale c’est notre « réservoir » mental et documentaire qui se nourrit, quant à lui, par la lecture.
Reginald Damerall, de l’université du Massachusetts, déclare : « Aucun enfant ou aucun adulte ne devient meilleur du fait de regarder de plus en plus la télévision. Les dispositions requises (pour la tv) sont si élémentaires qu’on n’a pas encore entendu parler d’incapacité à ce sujet. » Un professeur de littérature dit également : « La réussite d’un élève dépend énormément de son vocabulaire, autant dans ce qu’il comprend en lisant que dans sa manière de raisonner par écrit, et il n’y a absolument pas d’autre moyen d’acquérir un vocabulaire étendu que de lire. »
Il a précédemment été question de défauts de patience chez des téléspectateurs. La lecture, quant à elle, développe la patience. Neil Postman, spécialiste en communication, a écrit : « Les phrases, les paragraphes et les pages se déroulent lentement, à tour de rôle, et selon une logique qui est loin d’être intuitive ». Le lecteur doit nécessairement construire sa lecture, interprétant, comparant, évaluant et jaugeant chaque page et sa relation avec les autres. L’incroyable processus mental qui sous-tend la lecture insuffle persévérance, détermination et patience.
Certains avancent que des lecteurs « invétérés » finissent par se couper de leur environnement tant ils restent plongés dans leurs livres. C’est possible. L’objet de cet article est de souligner les immenses avantages de la lecture et non d’inciter les lecteurs – justement – à ne rien faire d’autre. Par ailleurs, certains se coupent effectivement de leur environnement mais pour d’autres raisons que la lecture. Citons les jeux vidéos, à peine mentionnés, et leurs pénibles dépendances. Il est, certes, important de savoir comment nous partageons notre temps de façon saine et équilibrée. La lecture reste, par essence, une activité riche et avantageuse.
Mais peut-être vous demandez-vous comment développer le goût pour la lecture, au cas où nous serions de petits lecteurs seulement ? Cet aspect intéressera aussi les parents qui pensent aux bienfaits de la lecture pour leurs enfants. Voyons encore comment les médias modernes peuvent être un frein au développement.
Lire la suite sur vr2
avec vr2