Président du conseil d’administration de la Société ivoirienne de raffineries (SIR), Noël Akossi Bendjo est victime d’un limogeage politique. Voici pourquoi.
Ne nous voilons pas la face. Le débarquement de Noël Akossi Bendjo, en tant que PCA de la Sir, est un débarquement politique. Plusieurs faits le prouvent. D’abord la raison évoquée par le conseil des ministres. Celle-ci paraît, à première vue justifiée, mais l’intelligence politique commande de voir dans le caractère normal de cette décision, une décision politique majeure.
En effet, plusieurs PCA sont encore en poste, alors qu’ils ont été nommés depuis 2011 ou début 2012. L’exemple le plus patent est celui de Versus Bank, dont le PCA n’est autre que Ibrahim Kéita, époux de l’une des sœurs du Président Alassane Ouattara. Celui-ci occupe la présidence du conseil d’administration de Versus bank depuis plus de six ans. Il en est aussi de même du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui bien qu’étant Premier ministre (poste qui n’autorise pas les cumuls) depuis janvier 2017, continue d’être officiellement le président du conseil de gestion du Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici). Bien d’autres PCA sont à la tête d’entreprises publiques depuis plus de six ans, sans que cela ne daigne mettre fin à leur mission.
Un limogeage politique
Le deuxième fait qui accrédite la thèse du limogeage politique est lié à l’activité politique du maire Bendjo. En effet, celui-ci a pris du grade au PDCI, au point où il apparait comme un élément incontournable du dispositif du « vieux parti » dans sa stratégie de reconquête du pouvoir d’Etat en 2020.
L’homme ne louvoie pas avec la ligne de son parti, à la différence d’autres cadres du PDCI. Adulé par la base du PDCI qui n’adhère pas au RHDP tel que voulu par le RDR, Bendjo est devenu sans doute, l’un des hommes à abattre au PDCI, par le RDR.
L’annonce de son limogeage, avec la nomination d’un autre cadre du PDCI [Allah Kouadio Rémi], au BNETD en dit long sur le message que le Président Alassane Ouattara veut envoyer au président Henri Konan Bédié, qui lui a récemment demandé (via son ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon-Tanoh) de se prononcer clairement sur l’alternance en faveur d’un cadre issu du PDCI.
Les déclarations du maire Bendjo, après la rencontre entre les jeunes du PDCI et du FPI n’ont certainement pas plu au palais, qui lui fait payer ainsi le prix de son non-alignement à la cause du parti unifié, en faveur du RDR.
Le message politique que le Président Ouattara envoie à Bédié, avant leur rencontre prévue en début de semaine prochaine à Daoukro, est donc très clair : tous ceux qui, au PDCI n’entreront pas dans le jeu du parti unifié en faveur du RDR, sont dans l’œil du cyclone. Jean-Louis Billon, ex-président du Conseil régional du Hambol est déjà passé par là.
Sauf que dans le cas de Bendjo, au lieu que cette sanction politique l’affaiblisse, elle va le mettre davantage en scelle auprès de la base du PDCI et des déçus de la gouvernance RDR, qui le considérera une fois de plus, comme une victime.
Avec connectionivoirienne