En difficulté, le site de microblogging a annoncé mercredi que le nombre de ses utilisateurs avait stagné. Les investisseurs ne voient pas de perspectives de croissance et sanctionnent le titre en Bourse.
Le temps où Twitter entrait en Bourse en provoquant l’effervescence à Wall Street semble désormais bien loin. Le groupe a ainsi un peu plus déçu les marchés mercredi en annonçant une stagnation du nombre de ses abonnés.
À fin 2015, on comptait 320 millions d’utilisateurs du réseau social soit autant que trois mois auparavant. En excluant les utilisateurs recevant un service allégé par SMS, le nombre que Twitter dit désormais vouloir utiliser comme référence, il y a même eu un recul, de 307 millions fin septembre à 305 millions fin décembre.
Le réseau affirme être remonté fin janvier au niveau de la fin du troisième trimestre, mais cela n’a pas vraiment rassuré Wall Street: l’action Twitter perdait environ 3% vers 1H30, heure de Paris dans les échanges électroniques d’après séance.
Manoeuvres désespérées
Le co-fondateur Jack Dorsey, rappelé aux commandes l’an dernier, tente depuis plusieurs mois déjà de simplifier et d’aménager le service pour tenter de séduire un plus large public. En tête de ses priorités, il a réaffirmé mercredi la nécessité de “raffiner le produit central”, évoquant des opportunités de “réparer des fenêtres cassées et des aspects prêtant à confusion dans notre service qui gênent la croissance”.
Il dit se focaliser en particulier sur le flux de messages présentés aux utilisateurs. Twitter a notamment annoncé en début de journée son intention d’ajouter, en tête de ce fil de messages s’affichant jusqu’ici en temps réel et par ordre chronologique décroissant, une sélection de tweets récents jugés “intéressants” pour l’utilisateur mais manqués pendant qu’il n’était pas connecté au service.
Des utilisateurs inquiets
Le réseau fait valoir que cette sélection, déterminée par un algorithme, “aide à rattraper les tweets les plus importants des personnes que vous suivez”. Le fil en temps réel revient juste en-dessous et reprend la priorité dès que l’utilisateur appuie sur le bouton rafraîchir. La fonction peut même être désactivée, mais Twitter affirme que ceux qui l’ont déjà testée ont tendance à être plus actifs sur le réseau.
Depuis la fin de semaine dernière toutefois, des rumeurs de réorganisation de l’intégralité du flux de messages avaient provoqué l’effroi de nombreux utilisateurs craignant de voir Twitter abandonner l’une de ses marques de fabrique, le flux en direct, pour se rapprocher de ce que fait le réseau social rival Facebook. L’ampleur de la panique avait même momentanément propulsé le mot clé #RIPTwitter (Repose en paix Twitter) parmi les plus utilisés sur le réseau.
Et bien que d’ampleur moins importante, la modification finalement annoncée mercredi a provoqué une nouvelle vague de critiques. Plus tôt cette année, l’hypothèse de l’abandon d’un autre dogme du service, la limitation de la longueur des tweets à 140 caractères, avait déjà provoqué une levée de boucliers.
Des marchés lassés
Twitter tente difficilement de rassurer ceux qui craignent ainsi qu’il perde son âme. “Nous nous concentrons maintenant sur ce que Twitter fait de mieux: le direct. Twitter est en direct”, a encore martelé mercredi Jack Dorsey. Twitter est toutefois condamné à réagir face à la pression des investisseurs qui commencent sérieusement à s’impatienter de son manque de progrès.
L’action ne cesse de tomber à de nouveaux plus bas depuis le début de l’année et a perdu 80% de sa valeur depuis ses sommets de décembre 2013, juste après son introduction en Bourse. Twitter, qui n’a jamais dégagé un dollar de bénéfice depuis sa création il y a dix ans, a en outre accusé une nouvelle perte nette de 521 millions de dollars l’an dernier, dont 90 millions au quatrième trimestre.
Il dit en revanche faire des progrès en termes de monétisation, avec notamment un nombre d’annonceurs publicitaires actifs en hausse de 90% sur un an à 130.000 au quatrième trimestre. Cela a aidé son chiffre d’affaires à grimper de 58% à 2,2 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année dernière, et de 48% à 710 millions au quatrième trimestre. Le groupe vise toutefois pour le trimestre en cours seulement 595 à 610 millions de dollars, quand les analystes espéraient jusqu’ici le voir monter jusqu’à 629 millions.