Le Français, cofondateur d’Africa Internet Group, estime que le commerce en ligne est l’avenir du continent.
Avec son acolyte Sacha Poignonnec – lui aussi un ancien du cabinet McKinsey – et le soutien de l’allemand Rocket Internet et des opé- rateurs télécoms MTN et Millicom, le Français Jérémy Hodara, 34 ans, a fondé en 2012 une entreprise devenue leader du commerce en ligne en Afrique, Africa Internet Group.
La multinationale est aujourd’hui présente dans plus de 20 pays via une dizaine de sites internet (réservation hôtelière, voitures d’occasion, repas à domicile…) dont le plus connu est Jumia, l’Amazon africain. Africa Internet Group, qui emploie 5000 personnes, perd certes beaucoup d’argent, mais il affiche déjà un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions d’euros.
Jérémy Hodara était le grand invité de RFI et Jeune Afrique.
La crise économique au Nigeria
« Le Nigeria est notre premier marché. Nous ne voyons pas vraiment de fléchissement de la demande, car nous vendons des biens d’équipement qui répondent aux premiers besoins des gens. Mais il est vrai que ceux qui importent ces biens pour nous ont parfois des difficultés. Et après l’élection présidentielle de 2015, une pénurie de pétrole a compliqué les livraisons. »
Internet, ça marche vraiment ?
« Le taux de pénétration d’internet en Afrique est bas, mais cela représente tout de même des millions de personnes et une demande énorme, notamment en biens d’équipement. Ensuite, nous avons des dizaines de milliers d’étudiants ou de femmes au foyer qui s’offrent des compléments de salaire en allant présenter à d’autres personnes notre catalogue en ligne. Enfin, depuis un an et demi, on assiste à l’envolée de l’utilisation des smartphones chinois, qui donnent accès à internet. »
La classe moyenne
« Je ne suis pas économiste, mais notre constat, c’est qu’elle existe, très clairement. »
E-commerce vs malls
« Les centres commerciaux n’ouvrent qu’au compte-gouttes pour plusieurs raisons : il faut sécuriser les droits sur les terres, trouver de bons emplacements, gérer la question des transports… En Afrique, on peut imaginer que l’e-commerce représentera à terme 40 %, 50 % voire 60 % de la distribution formelle, contre 10 % en Chine ou aux États-Unis ».