Face à un marché mondial du cacao quasi structurellement déficitaire, la Fondation mondiale du cacao travaille à faire monter en puissance en Afrique de l’Ouest les champs semenciers, notamment avec des variétés “true to type”, aux qualités organoleptiques permettant la promotion des “single origin”. Explications de Sona Ebai, chef du programme African Cocoa Initiative de la Fondation dans un extretien exclusif à CommodAfrica.
Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels est confronté le marché mondial du cacao?
Au plan mondial, le principal défi est au niveau de l’offre. Nous constatons une forte demande pour le cacao avec une consommation qui ne fait qu’augmenter en Asie mais aussi un peu partout ailleurs dans le monde. Or, en face, il n’est pas certain qu’on ait l’offre qui corresponde. C’est pourquoi parmi tous les produits agricoles, c’est le cacao dont les prix montent le plus avec une hausse de 11% sur la campagne dernière.
Quelles propositions faites vous?
Nous sommes en train de renforcer les capacités des structures qui offrent des services aux différentes maillons de la filière. Par exemple, au niveau des instituts de recherche, nous essayons de les aider à améliorer la matière végétale en augmentant les jardins clonaux. Au Cameroun, nous sommes en train d’ajouter 15 ha de champs semenciers aux 80 existants car nous constatons qu’il existe un engouement au niveau des cadres camerounais pour créer des plantations mais qu’il manque le matériel végétal. En Côte d’Ivoire, nous ajoutons 50 ha car la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, n’a que 90 ha de champs semenciers ; nous sommes donc en train d’ajouter presque la moitié. Au Ghana 50 ha, au Nigeria 15 ha. Donc il faut le matériel végétal performant afin d’obtenir un rendement, d’ici 5 ans selon nous, d’une tonne à l’hectare.
Quelles sont les particularités des variétés utilisées dans ces champs semenciers ?
Par exemple, nous venons d’utiliser la biologie moléculaire pour faire ce qu’on appelle des empreintes génétiques afin de s’assurer que les variétés sont vraiment les types de variétés dont nous avons besoin. Car il y a eu un mélange de variétés en Afrique de l’Ouest depuis 100 ans que nous produisons du cacao, et souvent les planteurs sont amenés à utiliser des cabosses de leur champ pour faire leurs pépinières. Il y a donc eu un mélange génétique. Par conséquent, les champs semenciers que nous sommes en train de créer sont des champs semenciers, comme on dit en anglais, “true to type“. Donc on vérifie génétiquement que ce sont les vraies variétés que nous donnons au planteur.
Certains estiment qu’avoir une cacaoyère ombragée n’est pas une bonne chose car cela favorise la pourritures brune et ne permet pas des plantations mécanisées à haut rendement. Qu’en pensez-vous ?
Cela dépend de la densité de l’ombrage. Le cacao, naturellement, est un arbre qui pousse dans les forêts, donc qui pousse à l’ombre. Si l’ombrage est trop intensifié, avec une pluviométrie importante, il y aura des problèmes de pourriture brune. En revanche, sans ombrage, le plant est stressée et ne peut pas durer plus de 35 ans. Donc il faut un équilibre. Si l’ombrage est bien géré, le cacaoyer peut durer jusqu’à 50 ans.
Les stars montantes sont les cacaos spéciaux. Quelle est votre politique à cet égard?
Je sais que, de plus en plus, les chocolatiers cherchent les “single origin” pour faire leur chocolat. Dans nos collections nationales africaines, nous avons certaines variétés non seulement performantes mais avec des qualités organoleptiques que nous sommes en train de vouloir sortir pour les distribuer aux planteurs.
avec commodafrica