Sept ans après leur entrée dans la vie active, les jeunes d’origine maghrébine ont plus de risques d’occuper un emploi précaire que les autres.
On savait déjà que les jeunes d’origine maghrébine étaient souvent victimes de discrimination à l’embauche. Une étude publiée par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) montre qu’ils continuent à être pénalisés par leurs origines quand ils accèdent à un emploi, même plusieurs années après avoir rejoint le monde du travail.
Pour arriver à cette conclusion, le Cereq a suivi le parcours de jeunes de toutes origines ayant quitté le système scolaire en 2004 pendant sept ans. Son étude montre que les premières années de vie professionnelle des jeunes d’origine maghrébine sont plus fréquemment émaillées de périodes de chômage : près de 27 mois sur les sept premières années d’activité contre moins de 11 mois pour les Français nés de parents français, mais aussi les jeunes originaires d’Europe du Sud. Ils ont aussi plus de mal à accéder à un contrat à durée indéterminée : ils mettent 24 mois en moyenne contre 15 pour les Français de souche.
Différences de qualification
Cette situation est de prime abord liée aux différences de qualification. Les jeunes d’origine maghrébine présentent en moyenne de plus faibles niveaux de formation. Celles-ci ne résultent pas de leurs origines parentales mais « essentiellement » de leurs « origines socio-économiques » et de « la ségrégation spatiale », précise le Cereq : 40 % sont enfants d’ouvriers (12 % des jeunes Français nés de parents français) et 23 % résident dans des quartiers en difficulté, (contre 4 %).
Avec le temps, les conditions d’emploi des jeunes d’origine maghrébine s’améliorent cependant, comme pour les autres, Mais « elles restent défavorables comparées à celles des autres jeunes ». C’est ainsi que, sur la part des emplois à durée indéterminée, un écart de plus de 10 points subsiste avec les jeunes Français nés de parents français. Emplois temporaires, à temps partiel… L’origine maghrébine est a contrario surreprésentée dans les emplois dits de « moins bonne qualité » (emplois temporaires et temps partiels).
« Emploi de mauvaise qualité »
Les différences de qualification peuvent expliquer de tels décalages dans les toutes premières années de vie professionnelle. Au bout de trois ans, cela joue donc encore. Mais, après sept ans, durée sur laquelle a porté l’étude, l’effet d’origine devient « statistiquement significatif », constate le Cereq. « Il n’existe plus de différences de salaire à caractéristiques comparables », note-t-il, renvoyant à d’autres études. En revanche, « les jeunes d’origine maghrébine ont plus de risques d’occuper un emploi de mauvaise qualité à niveaux d’études et origines sociales comparables », souligne le centre de recherche, qui n’hésite pas à parler de « pénalité maghrébine en termes de qualité de l’emploi ».
avec lesechos