On dit du cacao malgache qu’il est l’un des meilleurs au monde. Madagascar est pour l’instant le seul pays africain à pouvoir se targuer d’une production « 100 % cacao fin ». Grand cru, donc, mais faible rendement. Début février, les professionnels du secteur, nationaux et internationaux, se sont réunis dans la capitale. Objectif : réfléchir à des solutions durables pour transformer la filière et assurer sa pérennité.
« Quand vous croquez dans un carré de chocolat Madagascar, vous avez tout de suite un pic d’acidité qui vous envahit avec des notes vraiment de framboises et de fraises, et le chocolaté, la rondeur, en fin de bouche. » Cette appréciation est de Pierre Costet, responsable de l’expertise sensorielle et cacao chez Valrhona, un chocolatier français. « Le Madagascar, ça fait partie de nos best-sellers en fait. C’est l’inverse d’un chocolat consensuel. C’est vraiment quelque chose qui va vous surprendre, par rapport à d’autres cacaos d’Afrique de l’Ouest ou d’Amérique centrale. »
Mais ce caractère exceptionnel n’est pas acquis à vie. Alors, pour préserver la renommée du cacao malgache, les spécialistes ont fait des propositions pour éviter à la filière une dégradation dommageable. Première solution : valoriser l’origine de ce cacao en apposant le label « Indication géographique », signe officiel de qualité selon Claire Serdan, chercheuse au CIRAD à Montpellier. « Avec l’IG, le consommateur a toujours une garantie que le chocolat vient bien de cette région-là. Et puis au niveau des producteurs, on va avoir un produit qui est plus homogène, et de meilleure qualité en terme gustatif ou de présentation. Ce sont des éléments qui font que les acheteurs sont de plus en plus intéressés à se procurer ce genre de produits sous label, notamment les industriels, qui sont prêts à payer un peu plus cher quand il y a des efforts qui sont faits au niveau de la traçabilité, de la qualité. »
Augmenter la productivité des cacaoyers sur la Grande Île
Autre solution, adopter la future norme ISO 34101 sur le cacao durable. Basée sur des critères sociaux, environnementaux et économiques, cette norme est censée améliorer la productivité des petits producteurs et les rendre moins dépendants au cours mondial du marché. Président du comité international ISO sur le cacao durable et traçable, Jack Steijn rappelle également la tendance actuelle. « Il y a beaucoup de grandes industries qui se sont engagées à proposer 100 % de cacao durable et de chocolat durable, à partir de 2020-2025. C’est le cas de Mars, Barry Callebaut, Ferrero, Nestlé, il y en a d’autres. Il y a des pays (Pays-Bas, Suisse, Allemagne), qui eux aussi ont dit « à partir de 2025, notre consommation sur notre marché sera 100 % durable. Et donc, cela veut dire qu’il va y avoir une demande pour le cacao durable. »
Aujourd’hui, ce cacao dit durable ne représente que 20 % du cacao mondial commercialisé. L’objectif, c’est qu’il représente sous peu 70 % du marché, pour que les industries qui se sont engagées à acheter 100 % de leur cacao sous ce label puissent le faire. Le marché est donc là. Madagascar y aurait toute sa place. Mais une Indication géographique ou une norme ISO est longue à obtenir. Aussi faut-il initier le changement dès maintenant.
Avec RFI