Le verdict est prévu pour 2020 et déjà, le pays est semble t-il sur la bonne voie. Selon un rapport de la Banque mondiale, la Côte d’Ivoire est le 4ème pays ayant la croissance la plus rapide au monde, et le premier en Afrique subsaharienne. Les spécialistes se prononcent.
Selon le rapport, publié par la Banque Mondiale, la croissance de l’économie ivoirienne reprend des couleurs après la crise postélectorale, soit à partir de la gouvernance du Président Alassane Ouattara. « D’un taux de -4% en 2011, la croissance du pays a atteint 7,6% en 2017 avec un pic à 10,7% en 2012 et à 9,2% en 2015 » mentionne le rapport. Une croissance rendue possible selon ce même rapport, grâce à un essor considérable du secteur agricole et une meilleure gestion des revendications sociales. Mais pour le Dr Albert Yao Kouakou, enseignant chercheur en sociologie, à l’Université de Daloa, cette croissance est mal distribuée.
« Il s’agit d’estimations macroéconomiques. Car depuis 2012, la croissance économique du pays est soutenue, mais cela ne reflète pas le vécu des ivoiriens. Au niveau micro économique, il y a problème. Voilà pourquoi les ivoiriens vous diront, qu’on ne mange pas la route. Pour le commun des mortels, lorsqu’on parle de croissance à un certain niveau, on doit le ressentir dans le quotidien, mais ce n’est pas le cas. Le problème de la Côte d’Ivoire est la gestion, la redistribution des retombées de la croissance macroéconomique. Comment faire en sorte que la majorité de la population, puisse bénéficier de ces avantages, telle est l’équation à résoudre » fait-il savoir.
Mais en dehors des acquis, la Banque Mondiale a aussi relevé des insuffisances dans la gestion économique des autorités ivoiriennes. Il s’agit de l’accroissement du déficit budgétaire. A cet effet, la Banque Mondiale recommande à la Côte d’Ivoire de travailler à augmenter ses ressources intérieures, de sorte à combler le déficit auquel il fait face chaque année. Plus loin, ce document explique que le pays doit développer le secteur privé pour consacrer son émergence en 2020, et ainsi rattraper son retard sur les pays développés. Une quête qui selon le politologue Geoffroy Kouao Julien, professeur d’université, ne peut être menée, en occultant la situation sociale des ivoiriens.
« Les chiffres sur le plan mondial sont au vert. C’est bien. Mais on ne gouverne pas avec des statistiques. Les problèmes des ivoiriens sont d’ordre social. C’est l’éducation, la santé, l’habitat, le pouvoir d’achat et autres. Quand les ivoiriens sentiront qu’il y a une amélioration dans leur vie, on n’aura plus besoin de chiffres en ce moment. Pour me résumer c’est une bonne chose, mais il faut que cela rejaillisse sur les ivoiriens car je le répète, on ne gouverne pas avec des chiffres, on ne mange pas des chiffres » a développé l’universitaire.
Tout comme les précédents intervenants, le Dr Koné Miaman, économiste rural, reconnaît la crédibilité du rapport. Les efforts à fournir selon lui, sont au niveau des moyens d’existence. « En termes d’infrastructures de base, beaucoup de choses ont été faites avec les voiries, l’électricité et l’école. Mais il en reste encore. Il y a qu’à voir le niveau de vie des ivoiriens pour s’en rendre compte. Il faut donc comme je le dis toujours, une vraie politique sociale afin que ce rapport soit mieux apprécié » a t-il proposé.
Le rendez de l’émergence est dans moins de deux ans. La Côte d’Ivoire sera-t-elle prête avec des ivoiriens satisfaits de leur quotidien? On attend de voir.
Avec Poleafrique.info