Selon l’observatoire Cetelem, les automobilistes sont impatients d’acheter des voitures autonomes pour réduire à néant les accidents de la circulation. Mais ils craignent une nouvelle menace pour leur vie privée avec le harcèlement publicitaire.
2020. Dans l’automobile, cette année est plus qu’un symbole. C’est à partir de cette période que les constructeurs automobiles mettront sur le marché les voitures autonomes qu’ils préparent depuis déjà quatre ou cinq ans.
En attendant ce moment, les automobilistes sont sous le charme des promesses que réserve cette nouvelle ère de la mobilité. Dans son observatoire 2016 sur l’automobile, Cetelem constate même une certaine impatience du marché pour qui ce n’est plus une promesse futuriste, mais une réalité qui s’imposera à court terme. Selon cette étude internationale, 75% des automobilistes sont convaincus que cette innovation est en marche et 55% des personnes interrogées déclarent déjà être prêts à abandonner le volant pour se laisser transporter dans un véhicule connecté.
Les concept-car sont prêts et les modèles pourraient presque être mis en vente. Mais il faudra encore quatre à cinq ans pour que les assureurs et les pouvoirs publics créent un cadre légal pour accueillir sur les routes des voitures sans chauffeur. Un permis de conduire sera-t-il obligatoire, comme le propose l’état de Californie au grand dam de Google?
La sécurité reste un enjeu prioritaire
Cet engouement n’est pas dû à une passion pour l’innovation. La principale raison qui motive cette attente repose sur la sécurité: 77 % estiment que la voiture autonome apportera une réponse aux accidents de la circulation. Et c’est sur ce point que les promesses des constructeurs s’appuient. Nissan, Volvo, Daimler, Toyotamais aussi Google, rappellent régulièrement que les erreurs humaines sont responsables de plus de 90% des accidents de voiture.
En octobre dernier, lors du salon de l’automobile de Tokyo, Carlos Ghosn, PDG de Renault/Nissan présentait sa technologie “Nissan Intelligent Driving” en promettant que “ces modèles [allaient] améliorer la capacité du conducteur à voir, penser et réagir.” De son côté, Volvo, qui compte lancer ses tests sur route dès 2016, promet qu’”en 2020 il n’y aura plus de mort ni de blessé grave” dans les véhicules de sa marque.
Les constructeurs sont légitimes, mais le charme de Google et d’Apple opère
Apparemment, toutes ces promesses font mouche, mais pas comme l’espèrent les constructeurs traditionnels. Si l’observatoire Cetelem signale que pour les automobilistes, ils sont plus légitimes sur ce marché que les géants de la Silicon Valley (62% contre 46%), plus d’un conducteur sur deux compte s’orienter vers une Google ou une Apple Car.
Mais ce choix aura des conséquences et les consommateurs en ont pleinement conscience. Si la voiture autonome peut sauver des vies, les automobilistes craignent pour leur vie privée. En effet, comme tout appareil connecté, les offres commerciales géolocalisées se serviront des données personnelles pour se greffer sur ces voitures-robot. Et là, les automobilistes craignent d’être réduits à de simples consommateurs submergés par les offres commerciales.
Ils sont 44% à craindre le harcèlement publicitaire, 34% à appréhender des atteintes à la vie privée et 32% à juger ces offres inutiles. Les constructeurs traditionnels vont-ils abandonner les données personnelles pour rassurer les acheteurs et ainsi assurer des ventes ? Difficile d’imaginer qu’ils laisseront les nouveaux acteurs de l’auto profiter seuls de ce “nouvel or noir”.
Méthodologie
Les analyses économiques et marketing ainsi que les prévisions ont été réalisées en collaboration avec la société d’études et de conseil BIPE. Les interviews ont été réalisées par TNS-Sofres en Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie. La cible est composée d’hommes et femmes âgés de 18 à 65 ans (18-50 ans au Portugal, 18-55 ans en Chine & Turquie,18-60 ans au Japon) ayant acheté une voiture neuve ou d’occasion au cours des 5 dernières années. Représentativité assurée selon la méthode des quotas sur les critères: sexe, âge et région. Au total, 8.500 interviews ont été menées online en juillet 2015 (500 interviews par pays, sauf France et Espagne: 1.000 interviews).
avec bfmbusiness