Alors que certains secteurs qui portaient traditionnellement les économies du continent chancellent, d’autres, jusqu’ici peu exploités, deviennent progressivement l’espoir de nombreux pays. C’est le cas du tourisme, dont l’apport aux économies africaines ne cesse d’augmenter.
Un apport de plus en plus conséquent au PIB du continent
Les chiffres sont élogieux. Le tourisme a généré en 2017, 8,5% du Produit Intérieur Brut du continent africain. L’information est révélée par l’édition 2017 du rapport intitulé «Le tourisme au service d’une croissance transformatrice et inclusive» de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) sur le développement en Afrique. L’étude va plus loin en montrant qu’entre 1995 et 2014, les recettes d’exportation liées au tourisme, représentant l’ensemble des dépenses des touristes pour arriver dans le pays récepteur et des dépenses réalisées à l’intérieur de ce pays, sont passées de 14 milliards de dollars à 47 milliards de dollars. Encore plus intéressant, les recettes d’exportation du tourisme semblent plus résilientes aux chocs que d’autres flux financiers tels que l’investissement étranger direct ou les envois de fonds, toujours selon le rapport de la CNUCED.
Le tourisme est, en outre, l’un des secteurs attirant de plus en plus d’investisseurs. En 2016, le secteur a attiré environ 30 milliards de dollars d’investissements, contre 26 milliards de dollars en moyenne sur la période 2011-2014.
Ces recettes ont été soutenues par une augmentation progressive des arrivées de touristes internationaux qui sont passées de 24 millions entre 1995 et 1998 à 56 millions entre 2011 et 2014. Le tourisme est, en outre, l’un des secteurs attirant de plus en plus d’investisseurs. En 2016, le secteur a attiré environ 30 milliards de dollars d’investissements, contre 26 milliards de dollars en moyenne sur la période 2011-2014.
Un impact social fort en Afrique
En dehors des recettes, l’économie du tourisme revêt désormais d’importants enjeux sociaux pour les pays africains. En effet, sur le continent, le secteur a fourni, entre 2011 et 2014, un emploi sur 14. Ainsi, le tourisme a offert du travail à 21 millions d’Africains. Le secteur fournit 7,1 % de l’emploi total. Il s’agit d’un nombre considérable qui reste toutefois inférieur à la moyenne mondiale d’un emploi sur 11 créé par le tourisme. Selon la CNUCED, à l’horizon le tourisme permettra de créer 11,7 millions d’emplois. Par ailleurs, le secteur permettra également d’améliorer la condition féminine en Afrique puisque plus de 30% des entreprises touristiques du continent ont à la tête une femme, tandis que 36% des ministères dédiés au secteur sont dirigés par des femmes.
Le secteur permettra également d’améliorer la condition féminine en Afrique puisque plus de 30% des entreprises touristiques du continent ont à la tête une femme, tandis que 36% des ministères dédiés au secteur sont dirigés par des femmes.
Ainsi, pour Mukhisa Kituyi, secrétaire général de la CNUCED, « le tourisme peut largement contribuer à la diversification et faciliter l’inclusion des communautés vulnérables ». Cet apport social du tourisme est encore plus visible lorsqu’on observe les résultats du secteur dans les petits États insulaires en développement (PIED). Dans ces pays, le tourisme est un secteur indispensable au développement. Par exemple, les trois pays où le tourisme contribue le plus au PIB sont tous des PIED. Il s’agit des Seychelles (62 %), du Cap-Vert (43 %) et de Maurice (27 %). Ces pays, qui sont pour la plupart relativement petits, sont très dépendants des exportations de services. Le tourisme pourrait donc représenter pour les PIED une voie royale vers l’émergence économique.
Difficultés et perspectives du tourisme africain
Le principal écueil à l’augmentation de l’apport du tourisme à l’économie est l’instabilité politique. La paix est en effet une des conditions sine qua non à l’existence d’activité touristique dans un pays. Si cela semble évident, le constat est encore plus probant quand on étudie des cas comme celui de la Tunisie. En 2017, après deux années où les touristes ont fui la destination Tunisie, à cause des attaques islamistes, le nombre de touristes étrangers ayant mis le cap sur le pays du Jasmin, a augmenté de 23 % par rapport à 2016. La stabilisation, même relative, de la situation politique du pays a redonné une certaine attractivité touristique au pays.
L’autre grande difficulté des nations africaines reste le manque d’infrastructures touristiques, hôtelières et logistiques. Enfin, les problèmes environnementaux et d’assainissements mettent notamment en danger l’écotourisme. Malgré tout, le secteur a de l’avenir en Afrique. La plupart des pays du continent travaillent à sa mise en valeur. Les prédictions sont encourageantes. L’OMT voyait déjà depuis 2010, les arrivées touristiques en Afrique croître de 5% environ chaque année jusqu’en 2020, plus que les 4,1 % prévus pour le tourisme mondial.
Avec agenceecofin