En Afrique du Sud, le conglomérat diamantaire De Beers a récemment décroché une dizaine de licences d’exploration minière. Au-delà, le numéro 1 mondial du diamant envisage son retour au Zimbabwe et en RDC. Détails.
De Beers pourrait bientôt réinvestir au Zimbabwe et en RDC, a laissé entendre Phillip Barton, directeur général de l’unité sud-africaine du groupe diamantaire, en marge du plus grand rendez-vous annuel du secteur minier en Afrique, Mining Indaba, qui se tient à Cape Town du 5 au 8 février.
«Je suis excité par ce que je vois au Zimbabwe. Si nous obtenons des licences, nous aurions un autre regard», a-t-il confié dans une déclaration rapportée par Bloomberg.
Propriétaire de la mine de Venetia, située à 20 km de la frontière avec le Zimbabwe et en production depuis 26 ans, Barton estime naturel pour le géant diamantaire de se tourner vers le pays voisin. «Pourquoi rester sur un seul côté [de la frontière] ?», s’est-il interrogé.
L’autre pays cible du numéro 1 mondial du diamant n’est autre que la République démocratique du Congo (RDC). Selon Barton, De Beers envisage d’y déposer une demande de permis d’exploration, une fois le retour à la stabilité dans le pays confirmé.
Et si les vieux démons se réveillaient à Harare ?
De Beers entend donc ainsi élargir davantage son influence sur le secteur après avoir acquis récemment 16 nouvelles licences en Afrique du Sud. Si ces deux projets se concrétisent, le diamantaire sud-africain signerait son retour sur deux marchés importants dans le secteur en Afrique et même à travers le monde, la RDC figurant dans le top 3 mondial.
Au Zimbabwe, c’est en 1993 que le diamantaire sud-africain démarre ses opérations d’exploration minière. Plus d’une décennie plus tard, alors que le cadre réglementaire lui devenait peu favorable, le groupe décide en 2006 de mettre fin à ses activés dans le pays. Quelques années plus tard, les autorités minières publient une enquête qui épingle De Beers : le groupe aurait exporté illégalement d’importantes quantités de diamants au cours de ses activités dans les champs diamantifères de Marange, dans la région orientale du pays.
Harare se dit alors décidée à faire sanctionner le diamantaire sud-africain. Mais coup de théâtre, vers la fin de 2011, le ministère des Mines et du développement minier constate la disparition des documents-clés relatifs aux activités d’exploration de De Beers. L’affaire fait une fois de plus scandale, mais le conglomérat sud-africain réfute en bloc les allégations des autorités zimbabwéennes.
Soumis à une interdiction de vente à l’internationale en 2009, en raison de qui avait été qualifié à l’époque de «scandale humanitaire» -des ouvriers travaillant dans des conditions déplorables- les diamants de Marange sont à nouveau commercialisés dès le début de 2012. Et bien que tout semble aller pour le mieux depuis, le retour de De Beers sur ce marché pourrait réveiller de vieux démons.
Nouveau contexte en RDC
En RDC en revanche, le terrain pourrait être plus clément puisqu’ici, le «casier judiciaire» de De Beers est vierge, officiellement en tout cas. Après cinq ans d’activités, le groupe sud-africain s’est senti dans l’obligation de se retirer début avril 2009, dans un contexte de chute des prix des pierres précieuses, sur le marché mondial notamment.
Toutefois, la probabilité d’un retour n’était pas écartée. «La RDC reste riche en possibilités de prospection, mais nous ne pouvons ignorer la crise économique mondiale. Quand les conditions économiques s’amélioreront, De Beers examinera les nouvelles opportunités de prospection minière dans ce pays», déclarait à la presse locale la responsable de l’administration de filiale locale à l’époque, Marie Chantal Kanyinda.
Ce moment est peut-être arrivé, mais le diamantaire sud-africain devra composer ici avec le nouveau Code minier attendu en 2018 et le «plan stratégique de redressement» en cours de préparation par la Société générale des carrières et des mines (Gecamines), lequel vise à rééquilibrer les contrats noués par la compagnie minière nationale avec les opérateurs étrangers.
Avec latribuneafrique