La CEDEAO a publié ce mardi une liste de 19 personnalités visées par une série de sanctions pour non respect de l’accord de sortie de crise. Il s’agit pour l’essentiel des députés ainsi que des proches du président José Mario Vaz qui sont désormais interdits de circulation dans l’espace régional en plus du gel de leurs avoirs. Un nouvel épisode dans la crise que traverse le pays depuis 2015 et qui pourrait déboucher sur une mise au ban du président bissau-guinéen.
Après les menaces, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé de passer à l’acte en sanctionnant plusieurs personnalités bissau-guinéennes mises en cause pour non-respect de l’accord de sortie de crise politique dans lequel le pays est englué depuis des mois.
« Les Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont mis en œuvre des sanctions individuelles contre les personnes ou organisations qui entravent le processus de sortie de crise en Guinée Bissau », a annoncé l’institution régionale.
Les sanctions font suite à la session extraordinaire du 27 janvier 2018 à Addis Abeba au cours de laquelle les chefs d’Etat avaient appelé les différentes parties impliquées dans le processus de sortie de crise à appliquer l’Accord de Conakry, « faute de quoi des sanctions collectives et individuelles seront appliquées dès le 1er février 2018 à l’encontre de ces personnes ou organisations ».
La sentence est tombée avec la décision signée par le président en exercice de la CEDEAO, le togolais Faure Essozimna Gnassingbé, et qui vise 19 personnalités à qui il est désormais interdit de voyager dans l’espace régional en plus du gel de leurs comptes bancaires.
« Les sanctions qui sont imposées à ces personnes portent sur la suspension de leur participation aux activités de la Communauté, l’interdiction de voyager et la dénégation de visas à leur encontre et des membres de leurs familles, ainsi que le gel de leurs avoirs financiers et de ceux de leurs familles partout où ils se trouvent », indique la décision de la CEDEAO.
Sur les 19 personnalités visées par les sanctions de la CEDEAO, on compte 14 députés ainsi que des proches du président José Mario Vaz notamment son propre fils, Emerson Vaz.
C’est le Comité de suivi de la mise en œuvre des sanctions, composé du Togo, de la Guinée et de la Commission de la CEDEAO, qui a été chargé de veiller à l’application de ces mesures et selon le communiqué de l’organisation. Le Comité se réserve par ailleurs, “le droit de réviser la liste des personnes sanctionnées en fonction de l’évolution de la situation”.
Le président Mario Vaz dans le collimateur de la CEDEAO
La décision de la CEDEAO intervient une semaine après la mission effectuée par une délégation de l’organisation à Bissau et aussi la nomination d’un nouveau chef de gouvernement, Augusto Antonio Artur Da Silva. A l’issue de la mission, la CEDEAO qui avait déjà eu à donner un ultimatum au chef de l’Etat avait estimé que cette nomination ne répondait pas aux conditions de l’accord conclu à Conakry en octobre 2016 sous l’égide du médiateur Alpha Condé. « Sans l’application intégrale de l’accord de Conakry, notamment la nomination d’un premier ministre de consensus et la formation d’un gouvernement inclusif, les conditions politiques idoines ne sont pas réunies pour l’organisation d’élections crédibles, inclusives et apaisées » avait poursuivit l’organisation faisant déjà miroiter la menace de sanctions.
Les autorités Bissau-guinéennes n’ont pas encore réagi à cette décision qui, de l’avis de plusieurs analystes, vise à mettre la pression sur le chef de l’Etat Mario Vaz qui rechigne toujours à appliquer l’accord d’octobre 2016 maintenant ainsi le pays dans une crise politique larvée qui agace les leaders ouest-africains.
Pour rappel, l’accord de Conakry a prévu une procédure consensuelle dans le choix d’un premier ministre jusqu’aux élections législatives de 2018 mais jusque-là, José Mario Vaz qui a perdu la majorité au Parlement a refusé de se conformer à ces dispositions. La crise politique est née d’ailleurs de la destitution par le président, contre la volonté de son propre parti, de l’ancien premier ministre Domingos Simoes Pereira en août 2015.
Avec latribuneafrique