Elle ne venait pas au Canada dans le but de s’y établir. Mais 28 ans après son arrivée, Amina Gerba, à la tête de trois entreprises, est une femme d’affaires prospère et respectée de son milieu.
Amina Gerba a fondé Afrique Expansion en 1995. Pour cette femme originaire du Cameroun, immigrée au Québec en 1986, les affaires ont toujours rimé avec sa culture d’origine. La mission de son entreprise, une société de consultation et de relations publiques, est de «faire connaître une autre Afrique, avec ses richesses et ses diverses ressources».
Dans la même veine était lancé en 2003 le Forum Africa, un événement bisannuel qui réunit près des 500 participants. «Pour venir appuyer ce que nous faisions déjà avec Afrique Expansion [qui possède un magazine du même nom], nous avions besoin d’une plateforme pour offrir à nos clients un lieu de rencontre et pour tisser des liens d’affaires, explique Amina Gerba. De tous les participants au Forum, au moins 80 % sont des sociétés locales. Et elles établissent des partenariats en Afrique.»
Pour la femme d’affaires, ce nouvel engouement pour l’Afrique est clairement une source de fierté. «Il y a 20 ans, personne ne parlait de ce continent. Mais durant ce forum, beaucoup d’ententes se signent, et pour nous, c’est le signe que les choses changent et que les entreprises canadiennes voient le marché africain comme un marché potentiel pour elles.»
Des affaires en or… vert
Ce désir de faire des affaires en lien avec son continent d’origine s’est trouvé au coeur de son autre entreprise : les Laboratoires Kariliss, qui commercialisent deux gammes de produits. La première, Kariderm, se spécialise dans les produits pour la peau à base de beurre de karité depuis 1998, et la seconde, Karillis, est une gamme de produits pour les cheveux, lancée en 2010.
C’est au cours d’une mission commerciale au Burkina Faso en 1995 qu’Amina Gerba rencontre des femmes de l’Association des productrices du beurre de karité, «l’or vert» de l’Afrique. À son retour au Québec, les fabricants de produits cosmétiques avec qui elle communique se montrent peu intéressés par cette matière première. Qu’à cela ne tienne, elle mettra sur pied elle-même son entreprise de produits de beauté, avec l’aide de son associé, Jérôme Vignols.
Aujourd’hui, les produits à base de beurre de karité certifié biologique («les premiers au monde») sont présents dans 400 points de vente au Québec, en Ontario, dans quelques pays d’Afrique et au Bahreïn. Alors que Kariderm importait 500 grammes de karité en 1998, le volume d’importation se situe aujourd’hui à plus de 10 tonnes annuellement. Les Laboratoires Kariliss emploient une trentaine de personnes.
Les activités de l’entreprise comportent aussi un important volet social. Ainsi, l’entreprise emploie 2 000 femmes du Burkina Faso et a créé un fonds social qui renvoie un pourcentage des ventes de Kariderm aux productrices. Ce n’est pas tout. Amina Gerba explique : «J’ai récemment mis sur pied un programme de microfinance pour ces femmes. Elles peuvent donc obtenir un crédit de 50 à 200 $ pour acheter les noix de karité, en attendant la période de production du beurre».
Amina Gerba devrait lancer au cours des prochains mois une gamme de produits de beauté pour les cheveux secs et très abîmés. Du côté d’Afrique Expansion, l’entrepreneure travaille ces jours-ci à organiser un voyage de presse au Cameroun, qui célèbre ses 50 ans d’affaires avec le Canada. Et elle travaille déjà sur le prochain Forum Africa, qui se tiendra en septembre 2015.
Source : lesaffaires.com