A Bruxelles, plus personne ne se fait d’illusion sur la teneur politique de la décision des autorités congolaises. Sur fonds de désaccords politico-diplomatiques alimentés par la crise politique, le régime de Joseph Kabila a décidé de limiter la fréquence des vols de Brussels Airlines. Une mesure de rétorsion dans le bras de fer entre Kinshasa et Bruxelles qui intervient après la fermeture de la Maison Schengen.
Brussels Airlines espère atterrir sans grand dommage. Mais pour l’heure, la fréquence de ses vols à destination de Kinshasa a fondu comme une neige belge au soleil kinois. Les ailes de la compagnie nationale belge sont plombées par le tourbillon de la crise politico-diplomatique larvée entre la RDC et la Belgique.
Pour Kinshasa, la fin des couleuvres et le début des rétorsions contre Bruxelles
Pour Kinshasa qui n’a pas encore digéré les sanctions de l’Union européenne (UE) à l’encontre de hauts responsables, l’annonce de Bruxelles de « réviser fondamentalement » sa coopération avec la RDC assortie de critiques sur le dossier des élections, c’était la couleuvre de trop !
A la manœuvre pour porter la charge rétorsive, Jean Tshiumba Mpunga. Dans un courrier adressé à la représentante de Brussels Airlines, le directeur général de l’Aviation civile, a notifié à la compagnie, la décision des autorités congolaises de réduire la fréquence des rotations de la compagnie nationale belge à destination de Kinshasa. De sept vols, les vols de Brussels Airlines sont limités à quatre.
Mais cette mesure justifiée par le manque de « réciprocité dans l’exploitation des services aériens internationaux » entre les deux pays, n’est que l’arbre qui cache la forêt de la discorde entre les deux pays. Dans la foulée de sa décision, Kinshasa a décidé de fermer son consulat à Anvers et ordonne à la Belgique de fermer ses consulats de Goma et de Lubumbashi.
Deux semaines plus tôt, la Maison Schengen, sorte d’agence gestionnaire des demandes de visas pour 18 pays européens, a suspendu ses activités suite à la volonté des autorités congolaises de fermer cette agence. La réponse du berger à la bergère ne s’arrête pas là. Kinshasa a exigé de Bruxelles, qui offre le gîte à des opposants virulents contre le régime notamment Moïse Katumbi, qu’elle mette fin aux activités d’Enabel son agence de développement en RDC.
Entre les deux capitales, un jeu de «nzango» diplomatique sans vainqueur
Après des mois d’hésitation, Kinshasa semble vouloir aller au clash pour solder le compte de ses différends avec Bruxelles. Presque sans artifice de langage, Didier Reynders, le chef de la diplomatie belge avait porté une violente charge contre le régime de Joseph Kabila sur la répression de la marche du 31 décembre qui a coûté la vie à six paroissiens.
Le couteau de parlementaires critiques sur son inaction en RDC sous la gorge, le gouvernement Charles Michel a pris fait et cause pour le départ de Joseph Kabila, maintenu au pouvoir après l’expiration de ses deux mandats constitutionnels. Bruxelles est pressée que son ancienne colonie aille aux élections générales fixées le 23 décembre… sans Kabila. Un « affront » pour la RDC qui compte prendre sa revanche sur l’ex-puissance coloniale.
La multiplication des actions de récriminations conforte un regain de tension dans la passe d’armes diplomatique et politique entre les deux capitales. Toutes deux semblent avoir enclenché une partie de « nzango », ce jeu de cour d’école très populaire dans les deux Congo. Sauf que Kinshasa et Bruxelles ont remplacé la gymnastique et les chants de ce jeu par des gesticulations à qui-mieux-mieux et des salves de mesures diplomatiques musclés, pour une partie qui s’annonce d’ores et déjà sans vainqueur.
Avec latribuneafrique