Fatou Bensouda est née le 31 janvier 1961 à Banjul au sein d’une famille dont le père est polygame, avec six enfants de l’une de ses épouses dont la mère de Fatou et sept enfants de l’autre épouse.Musulmane pratiquante, cette femme de loi est mariée à un homme d’affaires marocain avec lequel elle a deux fils a confié un Marocain de Gambie qui connaît la dame depuis sa tendre enfance. Son époux, dont les parents sont originaires de Fès, a fait fortune dans la pêche. Alors que plusieurs dizaines de leurs compatriotes ont élu domicile au Sénégal, des membres de la famille Bensouda ont décidé de s’installer vers 1920 en Gambie, alors sous occupation anglaise. Le commerce y est prospère et les affaires marchent très bien. Le mari de la nouvelle procureure de la CPI a fait son chemin dans le secteur de la pêche jusqu’à devenir l’un des hommes d’affaires qui a le plus réussi en Gambie. En dépit de ce succès, il a gardé contact avec ses compatriotes marocains et assistait à leurs réunions, selon l’un de ses proches. Après la nomination de son épouse à la CPI, il va la rejoindre à La Haye où le couple vit depuis plusieurs années.
Un parcours exceptionnel
Diplômée de la faculté de droit de Lagos (Nigeria), Mme Bensouda entre en 1987 au ministère de la Justice où elle gravira tous les échelons. Substitut du Procureur, avocate générale, secrétaire juridique de la République, puis procureure générale. La compétence et la rigueur de cette magistrate hors pair, doublée d’une grande élégance, vont la propulser rapidement ministre de la Justice. Une charge des plus complexes, de surcroît dans un pays comme la Gambie. Elle quitte ensuite le ministère de la Justice pour ouvrir son propre cabinet d’avocat puis devient directrice générale d’une grande banque à Banjul. Sa vie professionnelle prendra un tournant lorsqu’elle sera élue conseillère juridique et substitut du Procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, en Tanzanie, où elle est promue conseillère juridique principale et chef de la Section des avis juridiques. C’est là qu’elle s’est familiarisée aux rouages de la justice internationale. En 2004, cette fine connaisseuse des institutions judiciaires internationales et des grands dossiers a fini par convaincre les États membres de la CPI de la nommer procureure générale adjointe de cette juridiction, chargée de juger les auteurs de génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. A la Haye, elle travaillera sous l’autorité de Moreno-Ocampo dont elle prendra la relève en juin 2012, devenant ainsi la première femme africaine à occuper ce poste.
Un message d’assurances aux Africains
En l’installant à ce poste, et au-delà de ces compétences reconnues à l’échelle internationale, les États parties au Statut de Rome voulaient peut-être dissiper les malentendus et envoyer un message d’assurances à l’adresse des Africains qui estiment que la CPI est l’instrument d’une justice de “Blancs”, puisque toutes les personnes visées actuellement par des mandats d’arrêt de ce tribunal sont africaines.
Source: Aufait@