Avec ses cinq sièges de députés obtenus à l’issue des élections législatives, l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), le parti de Bénéwendé Sankara, est indiscutablement le faiseur de roi. Que ce soit du côté des perdants à la présidentielle ou des gagnants, il a ses cartes à jouer. Quand bien même, du côté des vrais Sankaristes, on n’est pas satisfait des résultats obtenus. Et cela est d’autant vrai que les Sankaristes se sont réclamés de l’insurrection populaire. Bénéwendé Sankara a couru, tout couvert de sueur, drapeau en main dans les artères de Ouagadougou. Si les cinq sièges représentent sa récompense, tant mieux. Sinon, ils auraient, lui candidat à la présidence et son parti, pu faire mieux.
En effet, à première vue et traditionnellement, l’UNIR/PS doit être proche de l’opposition qui a perdu les élections. Il n’y a qu’à remonter un tout petit peu l’histoire politique des années de politiques du parti pour s’en convaincre. Bénéwendé Sankara et son parti étaient bien de l’opposition quand Roch, Simon et Salif étaient au pouvoir avec le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). En outre, il a été chef de file de l’opposition politique quand le président élu, Roch Marc Christian Kaboré était président de l’Assemblée nationale. Mieux, Bénéwendé Sankara et ses camarades étaient aux côtés de Zéphirin Diabré quand celui-ci est devenu, à l’issue des élections législatives de 2012 chef de file de l’opposition. D’ailleurs, c’est Bénéwendé Sankara qu’il a remplacé à ce poste-là. Si bien que, de façon naturelle, il doit être du côté des perdants. Avec lesquels, ils doivent recomposer l’opposition et jouer une fois de plus leur rôle.
S’il revient dans l’opposition, il est évident que la majorité parlementaire va changer de camp. Autrement dit, l’opposition disposera de plus de députés et le MPP sera contraint à la cohabitation. Puisque c’est de ses rangs que viendra le Premier ministre. Avec ses 33 députés, Zéphirin Diabré, s’il ne le refuse pas, devrait occuper ce poste-là. Puisqu’il n’est pas élu député.
” L’UNIR/PS est du même bord que le MPP “. A laissé entendre Salif Diallo lors d’une conférence de presse le samedi 5 décembre. Ce qui n’est pas faux. Très longtemps, Bénéwendé Sankara a travaillé dans l’ombre non pas en tant qu’opposant farouche, mais comme un pion dont les uns se sont servi jusqu’à l’insurrection populaire. Quand il s’est agi de contester les candidatures devant le Conseil constitutionnel, il s’est abstenu là où Ablassé Ouédraogo a osé. Chacun d’eux avait choisi son camp. Pour Bénéwendé, c’était une logique. Tous ceux qui ont eu l’occasion d’observer son enthousiasme débordant quand il est allé féliciter le candidat élu ont pu se rendre compte de la familiarité et de l’aboutissement d’un objectif commun. C’est donc lui qui fait le roi.
Dans cette posture, il devient le traître au sein de l’opposition traditionnelle conduite par Zéphirin Diabré. Car, si au début ils avaient en commun l’objectif de faire partir Blaise Compaoré, à l’issue des élections, les ambitions étant, leurs chemins, se sont divisés. Alors que, d’un côté comme de l’autre, il avait le choix. Sans doute qu’il a choisi celui des gagnants. A ses risques et périls. C’est aussi cela la politique.