La compagnie aérienne, qui a récemment reconnu son premier syndicat, est encore en négociations avec ses pilotes dans plusieurs pays européens.
Il ne cédera pas. Alors que Ryanair a présenté ses résultats du troisième trimestre 2017-2018 ce lundi, son PDG, Michael O’Leary, a averti que la compagnie aérienne ne se plierait pas aux demandes “ridicules” des pilotes, ajoutant qu’il préférerait voir des mouvements de grève se mettre en place plutôt que de réduire la productivité du groupe.
Mi-septembre, Ryanair avait annoncé à la surprise générale la suppression de 2000 vols jusqu’à fin octobre. Puis fin septembre, la compagnie avait dévoilé une nouvelle série d’annulations concernant 18.000 vols entre novembre et mars 2018.
Afin d’apaiser les tensions sociales chez ses pilotes, à l’origine de ses problèmes de planning, Ryanair a entamé un processus de reconnaissance des syndicats. Ces négociations ont déjà abouti avec ses pilotes basés au Royaume-Uni mais elles s’annoncent plus délicates avec les pilotes en Irlande, Espagne, Allemagne, Italie, Portugal, Belgique et France.
“La reconnaissance des syndicats pourrait un peu compliquer nos activités, entraîner des perturbations à court terme et générer un peu de publicité négative, mais elle ne remettra pas en cause notre position de numéro un de l’aviation européenne ni notre objectif de transporter 200 millions de passagers par an d’ici à 2024”, a souligné Michael O’Leary.
Bénéfice en hausse de 12%
Entre octobre et décembre, période qui correspond au troisième trimestre de son exercice comptable 2017-2018, la première compagnie européenne en nombre de passagers transportés a dégagé un bénéfice net de 106 millions d’euros, soit 12% de plus sur un an. L’entreprise irlandaise s’est appuyée sur une croissance de son trafic passager malgré la série d’annulations de vols cet automne.
“Après notre problème de planning en septembre, la décision difficile de clouer au sol 25 avions nous a permis de faire remonter notre taux de ponctualité moyenne au niveau habituel de 90%”, a expliqué Michael O’Leary. “Notre programme d’amélioration du service à la clientèle, combiné à des prix des billets en baisse de 4%, nous ont permis d’élever de 6% notre trafic passager, à 30,4 millions, faisant passer notre taux de remplissage à 96%, le plus haut niveau du secteur”, a-t-il ajouté. In fine, le chiffre d’affaires de Ryanair a grimpé de 4%, à 1,405 milliard d’euros.
Dans l’immédiat, la compagnie prévoit de transporter un record de 130 millions de passagers lors de l’exercice comptable en cours d’avril 2017 à mars 2018 – un chiffre relevé d’un million par rapport à ses prévisions précédentes et qui s’avèrerait 8% supérieur à celui de l’exercice 2016-2017. Malgré un coût exceptionnel de 25 millions d’euros lié aux dédommagements des passagers touchés par les annulations – intégré dans ses comptes du premier semestre – et une hausse des cours du pétrole prévue au second semestre, la compagnie table toujours sur un bénéfice net annuel compris entre 1,4 et 1,45 milliard d’euros.
Baisse des prix des billets
Pour l’exercice suivant (avril 2018 à mars 2019), Ryanair table sur une nouvelle croissance de son trafic, à 138 millions de passagers, la compagnie continuant d’élargir son réseau – elle vient d’annoncer ainsi qu’elle allait desservir la Jordanie pour la première fois. Ryanair profite de surcroît des opportunités offertes par la liquidation de la compagnie britannique Monarch, de la faillite de l’allemande Air Berlin et des difficultés de l’italienne Alitalia pour conquérir des parts de marché dans ces trois pays.
Mais Michael O’Leary a prévenu que l’environnement d’affaires du secteur continuerait d’être marqué par une baisse des prix des billets – un phénomène peu favorable aux marges des transporteurs -, sur fond de concurrence acharnée.
“Les coûts vont augmenter l’année prochaine avec une hausse prévue de 300 millions d’euros de notre facture de kérosène et 100 million supplémentaires de coûts du personnel” du fait de hausses de salaires concédées par la compagnie pour calmer la grogne sociale, a ajouté Michael O’Leary.
Il a précisé que l’incertitude demeurait à cause du Brexit sur les conditions de vols entre le Royaume-Uni et l’UE à partir d’avril 2019. Le conseil d’administration de Ryanair n’en a pas moins approuvé un plan de rachat d’actions de 750 millions d’euros, prévu pour s’étaler de février à octobre.
Avec AFP