Une situation inhabituelle se présente sur le marché du cacao aux Etats-Unis. Les prix sur le marché à terme de New York ont fortement grimpé car l’approvisionnement d’Equateur a quasiment disparu suite à la découverte d’une mauvaise herbe toxique, le “itch grass”, dans les cargaisons (lire nos informations), alors qu’à Londres les cours baissait suite à des ventes agressives et une surabondance de cacao du Cameroun, vieux et de qualité médiocre. Une situation inhabituelle car Londres est en général à prime sur New York car la demande européenne en cacao est plus forte que celle en Amérique du Nord, comme en témoignent les volumes de broyages (lire nos informations). Mais, là, cette semaine, New York était $ 25 à $ 45 plus cher que Londres.
Face à cette situation et ne vouant pas manquer l’opportunité, les origines ouest-africaines – Côte d’Ivoire et Nigeria notamment- se sont précipitées vers New York mais on ne connait pas exactement les volumes impliqués, constate Reuters.
Au 29 janvier, le cacao, toutes origines confondues, dans les entrepôts sous licence de la bourse, le ICE, s’élevait à 255 654 t contre 215 587 t à la même date l’année dernière. Rappelons que l’année dernière, les stocks étaient déjà anormalement élevés car la récolte mondiale avait été record et le marché mondial était inondé de fèves.
Les stocks certifiés américains ne constituent qu’une petite fraction de tout le cacao entreposé aux Etats-Unis, mais 79% serait composé de fèves ivoiriennes et nigérianes contre 19% il y a un an. En volumes, le cacao ivoirien dans ces entrepôts certifiés totaliserait actuellement 5 290 t contre 422 t il y a un an et ceux du Nigeria 2 387 t contre 240 t. Il y a un an, on y trouvait 2 420 t d’Equateur, soit 67% de l’ensemble des stocks certifiés ; il n’y en aurait plus à ce jour.
Si, actuellement, le cacao ouest-africain continue d’affluer vers les Etats-Unis, le cacao équatorien quant à lui, rejeté à la frontière, met les voiles sur l’Asie, précise encore Reuters.
Quant à la place de Londres, le changement de ses règles de grading du cacao l’année dernière a boosté l’entrée du cacao camerounais. Jusque là, la qualité ivoirienne ou nigériane était davantage la norme à Londres alors qu’aujourd’hui c’est plus le Cameroun.
Selon le négoce, cet arbitrage intéressant entre New York et Londres a du attirer entre 30 000 et 80 000 t de cacao ivoirien et nigérian supplémentaires ces trois derniers mois et on s’attend à de nouveaux arrivages ouest-africains ces prochains mois. Selon des négociants, 6 000 à 8 000 t de fèves sont acheminés vers des transformateurs américains chaque mois, remplaçant les fèves équatoriennes.
Avec commodafrica