Si en littérature les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, en science, la question est un peu moins simpliste.
Il y a les idées reçues sur la différence entre les femmes et les hommes. Et puis il y a la science. Dans les colonnes du New York Magazine , le professeur en psychologie Christian Jarrett balaye d’un revers de main toutes les théories de « pseudoscience » comme : les hommes ne peuvent pas faire deux choses à la fois, ou les femmes sont plus émotives et empathiques parce qu’elles ont davantage de neurones miroirs.
À l’inverse, le spécialiste met en avant les « découvertes indéniables », comme le fait que hommes et femmes n’ont pas la même vulnérabilité face aux différentes maladies neurologiques. Parkinson est plus répandue chez les hommes , qui sont d’ailleurs diagnostiqués plus précocement que les femmes. Alzheimer affecte également les femmes plus rapidement et plus durement que les hommes.
Parkinson plus répandue chez l’homme
Etudier les différences entre le cerveau des femmes et celui des hommes peut aider à mieux comprendre les maladies neurologiques, affirme Christian Jarrett. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’une nouvelle étude d’imagerie cérébrale vient d’être conduite. « Une petite et néanmoins importante contribution », estime-t-il.
Publié dans la revue Brain Imaging and Behavior , ce travail d’une équipe de l’Université de Szeged, en Hongrie, montre que les structures sous-corticales du cerveau ont tendance à vieillir plus rapidement chez l’homme que chez la femme. La maladie de Parkinson, par exemple, affecte les structures sous-corticales. Et puisqu’elles vieillissent plus tôt chez l’homme que chez la femme, cela peut expliquer la prévalence de la maladie chez l’homme.
Ce sont les régions du cerveau situées en-dessous du cortex cérébral. Elles comprennent notamment les noyaux gris centraux, les ganglions de la base, ou encore l’hippocampe (important pour la mémoire). Elles prennent part au contrôle des mouvements et au traitement des émotions. S’y trouve également le thalamus, sorte de point relais où transitent les informations que s’échangent les différentes parties du cerveau.
L’équipe hongroise de neuroscientifiques a scanné les cerveaux de 53 hommes et 50 femmes, âgés en moyenne de 32 ans. Ils se sont intéressés aux tailles des structures sous-corticales et ils ont effectivement trouvé des différences entre hommes et femmes.
Par exemple, les femmes ont davantage de matière grise dans l’hippocampe, tandis que les hommes ont un noyau caudé (contrôle les mouvements volontaires) et un thalamus (relais des voies de la sensibilité consciente et centre des réflexes émotionnels) plus gros.
Les deux cerveaux rétrécissent, mais…
Ce qu’il est important de prendre en compte dans cette étude, c’est l’évolution avec l’âge. Le cerveau de l’homme et de la femme rétrécissent tous deux en vieillissant. Mais des différences entre les sexes sont observées à différents stades de la vieillesse.
Par exemple, au fil des ans, le noyau caudé et le putamen rétrécissent, mais seulement chez l’homme. Le putamen joue un rôle dans la régulation des mouvements, il est donc en première ligne face à Parkinson.
Par ailleurs, la matière grise (y compris dans les structures sous-cortical) diminue plus vite chez l’homme que chez la femme, ce qui pourrait signifier que le cerveaux masculin vieillit plus vite.
La faute des hormones ?
Ce à quoi cette étude ne répond pas, souligne Christian Jarrett, c’est pourquoi ces éléments du cerveau rétrécissent avec l’âge. Toutefois les chercheurs hongrois pointent du doigt les possibles responsables : les hormones.
Les hommes comme les femmes subissent des changements hormonaux avec l’âge. Mais les hommes, à l’inverse des femmes, ne subissent pas les même types de changements hormonaux. Et surtout, ils ne réagissent pas de la même manière aux changements hormonaux.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/021529833388-les-cerveaux-des-hommes-et-des-femmes-vieillissent-differemment-1181953.php?RoauDsJVbuFjQ00u.99#xtor=CS1-25