Alors que la scolarisation des jeunes Africains a progressé de manière fulgurante au cours des trente dernières années, d’énormes disparités et dysfonctionnements sont observées ici et là, entre les régions, entre les zones urbaines et rurales aussi. Sans surprise, les femmes sont les plus concernées par ces inégalités.
Une situation alarmante mais pas désespérée
Dans son dernier rapport, l’ONG One confirme que neuf des dix pays où l’accès des jeunes filles à l’école est le plus faible sont africains. Les femmes représenteraient deux tiers des 750 millions d’adultes africains sans compétences de base en lecture, en écriture et en mathématiques. Grossesses et mariages précoces, blocages culturels, pressions familiales, harcèlement sexuel aussi bien à l’école que sur le trajet obligent encore une majorité de jeunes filles à abandonner leurs études en cours de cursus. Human Rights Watch rappelle que 40 millions d’entre elles n’ont pas accès à l’enseignement primaire et secondaire en Afrique subsaharienne (dont 31 millions dans le secondaire). Cette situation inacceptable porte gravement atteinte à leurs droits fondamentaux comme à leur opportunité d’insertion sociale et professionnelle. Quand elles parviennent à atteindre l’enseignement supérieur, elles y demeurent sous-représentées, en particulier dans les domaines scientifiques et technologiques.
Plus que jamais, l’éducation des filles est une priorité
Ces aberrations ne sont pas une fatalité. Le 28 novembre 2017, à Ouagadougou (Burkina Faso), le président Emmanuel Macron a réaffirmé son engagement de faire de l’éducation en Afrique une priorité. « L’éducation des jeunes filles sera au cœur de ce projet. (…) Je serai aux côtés de tous les chefs d’État et de gouvernements africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire des jeunes filles. Je défendrai leur choix et je demanderai à l’Agence française de développement (AFD) de soutenir en priorité les programmes visant à la scolarisation des jeunes filles », a-t-il précisé, indiquant que les ambassades auront « l’objectif d’attribuer des bourses d’études en France en priorité à des jeunes filles ».
Un pari gagnant illustré par le terrain
Investir dans l’éducation initiale et supérieure des femmes s’impose toujours comme un investissement gagnant pour réduire la pauvreté, augmenter les revenus des familles et la croissance d’une économie prospère parce qu’inclusive, dynamique et compétitive. Comme l’a démontré l’étude de Roland Berger « New deal, new game for women in Africa » de 2016, les entreprises dont les femmes occupent des postes de direction assurent aux actionnaires un rendement supérieur de 34 %. À l’échelle d’un pays, l’accès des femmes à des fonctions politiques favorise un développement plus pérenne et équitable de la société. À cet égard, le Rwanda, pays ravagé par un terrible génocide en 1994, fait figure d’exemple. Avec 64 % de femmes élues au parlement, il détrône la Suède de sa première place mondiale des pays avec le plus grand pourcentage d’élues. La corrélation entre la stabilité de cet État et cette représentativité législative est évidente.
Des objectifs clairs pour gagner la bataille de l’égalité des genres
Plus globalement, la communauté internationale et les ONG, aux côtés des gouvernements africains, doivent poursuivre leurs soutiens protéiformes en faveur de la transformation des systèmes d’acquisition des compétences en Afrique. Embauche et meilleure formation des enseignants, création ou modernisation des infrastructures, accès à Internet dans les écoles au service du déploiement des technologies de l’information et de la communication en éducation (TICE), promotion de l’égalité des genres forment à cet égard certains des objectifs majeurs à concrétiser au cours de la prochaine décennie.
Avec environ 364 millions d’Africains âgés de 15 à 35 ans, le continent affiche la population la plus jeune du monde. Cette nouvelle génération de femmes et d’hommes dirigeants et entrepreneurs compte bien être en capacité de relever les défis de leur continent et du monde moderne. Sous peine de se chercher un meilleur avenir ailleurs.
* Founder & CEO Women In Africa Initiative, première plateforme mondiale de développement économique et d’accompagnement des femmes africaines leaders et à haut potentiel.
Avec lepoint