Au Bénin, la production de coton a connu un regain ces deux dernières années. Une culture à fort rendement, qui attire de plus en plus d’agriculteurs. Au risque de faire concurrence aux autres productions.
« Le coton draine toutes les autres cultures », s’enorgueillit le secrétaire exécutif de la Fédération nationale des coopératives villageoises des producteurs de coton, Souhaïbou Gambari. Au Bénin, l’or blanc est la culture de rente par excellence. Celle qui rapporte des liquidités aux agriculteurs en décembre, en janvier, voire en février.
La production a atteint des records pour la saison 2016-2017 (453 000 tonnes de coton-graine récoltées et 170 000 tonnes de coton-fibre), revigorée par un meilleur accès aux intrants, après une année 2015 marquée par un fort retard de la livraison des engrais sur site.
La campagne 2017-2018 s’annonce aussi sous les meilleurs auspices : l’Association interprofessionnelle du coton table sur une production dépassant les 500 000 tonnes, avec une augmentation des surfaces ensemencées correspondantes. La réorganisation de la filière, chère à Patrice Talon, le « roi du coton », est loin d’y être étrangère.
Plus de marge
Mais ce succès peut aussi avoir ses revers, en détournant les agriculteurs des cultures vivrières. « La production de coton peut entraver celle des autres filières dans la mesure où c’est elle qui rapporte le cash. Les agriculteurs ont tendance à privilégier ce qui leur apporte le plus de marge », reconnaît Lionel Guezodje, président de la Coopérative de distribution des intrants et de commercialisation des produits agricoles, installée à Abomey.
La production de coton peut entraver celle des autres filières dans la mesure où c’est elle qui rapporte le cash
Pour conserver l’équilibre, les autorités comptent sur la réforme agricole engagée fin 2016 et qui régionalise la production agricole en sept zones agroécologiques spécialisées dans la riziculture (vallée du Niger), le coton (Alibori, Borgou et Kandi-Kouandé-Péhunco), la diversification agricole (deux zones regroupant Atacora, Borgou Sud, Donga et le département des Collines), l’arboriculture vivrière (Zou et Couffo), le palmier à huile (Plateau) et, enfin, la pêcherie et le maraîchage (Ouémé, Atlantique et Mono).
L’or banc a encore de beaux jours devant lui
« Chaque zone doit bénéficier d’un accompagnement et d’intrants spécifiques », recommande Lionel Guezodje, lui-même agriculteur. Des mesures permettant d’encourager les exploitants à respecter ce nouveau découpage, mais qui risquent de se faire attendre. Les livraisons d’engrais sur le marché international s’effectuent généralement dix-huit mois après la commande. L’or banc a encore de beaux jours devant lui.
Avec jeuneafrique