Au Kenya, des applis mobiles et des appareils de détection portatifs fournissent aux agriculteurs des informations sur le sol de leur exploitation. Avec des données pratiquement en temps réel sur le type de sol, sa composition, ses besoins en engrais et sur les précipitations météorologiques, les petits exploitants limitent les dommages environnementaux et renforcent leur résistance aux changements climatiques.
Au Kenya, des agriculteurs commencent à utiliser une nouvelle application mobile qui les aide à déterminer si leur sol est adapté à diverses cultures. Cette technologie, baptisée LandInfo et lancée au Kenya en 2015 par le Réseau d’études sur la politique technologique en Afrique (ATPS), minimise les lourdes pertes liées à une connaissance insuffisante de la composition de leur sol. L’appli fournit aux agriculteurs une mine d’informations unique sur les types de sol et les cultures que permet leur sol. Par ailleurs, l’appli, qu’il est possible de télécharger gratuitement sur les smartphones, offre également des informations actualisées sur les tendances climatiques et aide ainsi à renforcer la résilience face aux changements climatiques extrêmes.
Le réseau LandInfo, qui travaille en collaboration avec le département américain à l’agriculture (USDA) et le CTA, permet aux utilisateurs de recueillir instantanément, mais aussi d’accéder à des données très précises sur les types de sol et les conditions climatiques (notamment la température, les précipitations, la capacité de stockage de l’eau et l’aridité du sol). Les agriculteurs sont en mesure d’interpréter ces données dans le contexte des conditions locales et peuvent les utiliser à des fins précises comme la sélection des cultures, la gestion de l’utilisation des terres et la résistance aux changements climatiques.
“Cette appli innovante donne aux agriculteurs les moyens de s’adapter au changement climatique”, confirme Edith Mosop, agricultrice et agente de vulgarisation agricole dans le comté de Nakuru, dans la vallée du Rift, au Kenya. Selon elle, l’application LandInfo permet aux agriculteurs de mieux planifier leurs cultures : “Ils peuvent prendre des décisions bien documentées car ils ont accès à des informations sur les conditions météorologiques.” De son côté, Patrick Ng’ang’a, un agriculteur du comté de Meru, au centre du pays, indique qu’il a pu déterminer la période la plus opportune pour planter et obtenir de bonnes récoltes, pendant la petite et la grande saison des pluies. “J’ai pu me baser sur des prévisions météorologiques précises pour sélectionner chaque année les cultures idéales pour ces deux saisons”, explique-t-il, lui qui cultive des céréales et des légumineuses.
Daniel Kobia, lui aussi agriculteur dans le comté de Meru, a bénéficié d’une formation à l’utilisation de l’application en 2016. Il explique que cette appli lui a permis de sélectionner les cultures pour les différentes saisons et la partie de son exploitation de 2 hectares sur laquelle les cultiver. Grâce aux informations auxquelles il a eu accès via LandInfo, il a identifié le sorgho et le mil comme des cultures idéales pour son exploitation, deux céréales qui remplacent avantageusement la culture du maïs et des haricots, dont les rendements n’avaient cessé de diminuer. Grâce à l’introduction de ces deux nouvelles cultures, les rendements obtenus par Daniel Kobia ont presque doublé. Il appelle ainsi ses pairs à utiliser l’application. “L’économie kényane est basée sur l’agriculture mais nous sommes confrontés à l’insécurité alimentaire. L’adoption d’une telle innovation peut réduire la pauvreté et assurer une alimentation appropriée aux habitants”, affirme-t-il avec enthousiasme.
Dans le cadre du projet Scanning for Success de la fondation SoilCares, plus de 2 900 petits exploitants agricoles du Kenya ont reçu une autre technologie qui leur fournit en 10 minutes des informations pratiques sur les sols. Cet appareil portatif se connecte à un smartphone via Bluetooth et génère un rapport sur l’état du sol et ses besoins en nutriments. Le scanner utilise des capteurs optiques proche infrarouge et se connecte à la base de données SoilCares Global Soil pour déterminer avec précision les propriétés du sol telles que le pH, les matières organiques et la teneur en NPK (azote, phosphore, potassium). Ce dispositif permet aux agriculteurs d’épandre le bon type et les bonnes quantités d’engrais compte tenu de la composition du sol, ce qui améliore les rendements, réduit le coût des engrais et limite les dommages environnementaux. Le projet propose également une formation sur l’échantillonnage des sols, l’utilisation d’engrais et la fertilité des sols. “Nous sommes convaincus que, pour combler le déficit alimentaire, il faut d’abord remédier aux manques de connaissances”, explique Christy van Beek, directrice de la fondation SoilCares. “C’est pourquoi nous avons développé une série de supports d’information [sous forme de brochures] sur l’analyse et l’échantillonnage des sols, l’application d’engrais, la fertilité des sols et les connaissances de base sur la science des sols. Nous espérons que ces documents renforceront la capacité de nos partenaires et les aideront à partager l’information avec les agriculteurs.”
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