Pour Ernst and Young, le recul du soutien public a néanmoins un effet « déstabilisateur ». Et les attentats du 13 novembre inquiètent le secteur.
La culture et la création se portent mieux que le reste de l’économie en France, mais le recul du soutien financier de l’Etat et des collectivités locales en faveur de ces activités a un effet « déstabilisateur ». C’est la conclusion à laquelle parvient Ernst & Young (EY) dans son deuxième « Panorama de l’économie de la culture et de la création en France » réalisé avec France Créative, qui regroupe plusieurs représentants de ces divers secteurs.
Ainsi les dix domaines analysés par EY (arts visuels, musique, spectacle vivant, cinéma, télévision, radio, jeu vidéo, livre, presse, publicité et communication) ont-ils représenté, en 2013, année étudiée, 83,6 milliards d’euros de revenus. Soit une hausse de 1,2 % par rapport à la première étude publiée en octobre 2013 sur l’année 2011.
Fort recul de l’intervention des collectivités
Malgré la crise touchant certains de ces métiers, il s’agit donc d’une croissance supérieure au reste de l’économie française puisque celle-ci a progressé de 0,9 % sur la même période. Sur le critère des emplois, la hausse est comparable. Elle est de 1,3 %, à 1,3 million. Les effectifs directs de ces industries ont même augmenté de 1,5 % sur la période, quand le total de l’emploi en France n’évoluait que de 0,2 %.
Le total des concours financiers de l’Etat à ces activités est estimé en 2012 à 13,9 milliards d’euros, note l’étude. A ce soutien de l’Etat s’ajoute l’intervention des différents échelons des collectivités territoriales, estimée en 2012 à 7,5 milliards d’euros. « Ces dépenses ont été dynamiques, en augmentation de 7,8 % entre 2010 et 2012, mais ont vu une forte régression pour la première fois en trente ans, en 2013 et 2014 (…) L’impact déstabilisateur de cette régression s’accompagne d’une baisse tendancielle conséquente des dépenses de l’Etat. Entre 2012 et 2013, elle s’est élevée à 4 % », déplore EY.
Scénario du pire
Dans le détail, les arts visuels, la musique et le spectacle vivant sont les trois principaux employeurs de l’économie culturelle, avec 64 % du total des effectifs. EY recense des secteurs en croissance en termes de revenus directs : les arts visuels (+8 %), le spectacle vivant (+3 %), la musique (+3 %).
Mais aussi « des secteurs menacés par la forte chute de leurs revenus » comme le cinéma (-9 %), le livre (-3 %), la presse (-6 %), la télévision (-4 %) à cause des changements de mode de consommation et de la baisse de la publicité. « Les offres numériques, qui elles-mêmes explosent, sont loin de compenser la perte des revenus issus des circuits traditionnels, » calcule EY.
Depuis la rédaction de cette étude, les attentats du 13 novembre ont ravivé les inquiétudes. « C’est un secteur déterminant mais fragile », dit à l’AFP Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem. Dans « le scénario du pire », c’est-à-dire une baisse durable de la fréquentation, des « dizaines de milliers d’emplois » pourraient être « à risque », estime Marc Lhermitte, du cabinet EY. A titre d’exemple, une baisse de 20 % de la fréquentation des salles et des ventes de billets pendant une année complète pourrait avoir, selon cet expert, un impact sur « 20.000 à 30.000 emplois ».
source: http://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/021518281944-en-france-leconomie-de-la-culture-progresse-plus-vite-que-le-pib-1179722.php?hP4iPGAF9MCPTBl2.99#xtor=CS1-25