Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d’exportations) a connu une amélioration en zone CEMAC à la fin de l’année 2017, a appris l’Agence Ecofin d’experts travaillant dans le cadre du programme des réformes économiques de la sous-région.
De moins de 57% en janvier 2017, il a évolué en dent de scie, chutant même à moins de 54% au 16 décembre, avant de rebondir d’un trait le 30 décembre 2017 à près de 63%.
« Plusieurs raison peuvent expliquer cette évolution. Il y a déjà un effort des gouvernement pour réduire certaines de leurs dépenses en devises, ce qui a diminué la pression sur les réserves de change. Dans le même temps, il y a eu les décaissements accordés par le Fonds Monétaire International, qui sont venus renforcer le tout », a confié un de ces experts.
Mais surtout, la BEAC a adopté des mesures drastiques. Une d’entre elles a été le rationnement très strict des demandes de devises par les banques. Les chiffres du Fonds Monétaire International indiquent que près de 30% des demandes d’accès aux changes exprimées par les banques de la sous-région ont été rejettées. La principale raison est leur non-conformité.L’institution d’émission monétaire de la CEMAC ne compte pas s’arrêter là. Une réforme de la règlementation de change est en cours et devrait être finalisée à la fin du premier semestre 2018. La BEAC envisage aussi de procéder à une application plus strictre des dispositions sur les rapatriements des recettes d’exportation.
« Ce projet se heurte toutefois au blocage des Etats, qui refusent systématiquement de fournir des données sur les contrats qui lient leurs gouvernements avec des opérateurs dans le cadre de l’exploitation des ressources », a expliqué un cadre ayant participé à des discussions sur le sujet. La question ne manquera pas d’être soulevée durant le conseil des ministres.
Certains analystes restent cependant sceptiques sur la manière dont cette crise est gérés. Selon Dieudonné Essomba, l’ingénieur statisticien camerounais, le rationnement mis en oeuvre actuellement par la BEAC ne fait que repousser l’échéance d’une situation structurelle plus complexe. « Au final, notre système fait que la liquidité interne dépend du volume de nos réserves de change. Or on ne peut durablement limiter la volonté des menages et de l’Etat à consommer des biens importés. Cela risque de se traduire par une poussée des transactions de devises sur le marché noir, ce qui est plus grave », a-t-il fait remarquer.
Les ministres des finances de la CEMAC se réuniront vendredi 2 février 2018 à Douala. Au total, en plus de la question sur les réserves de change, ils auront à examiner plus de 20 propositions visant à assurer un certain équilibre dans la situation macroéconomique des pays de la CEMAC. Trois de ces pays (Tchad, Gabon et Cameroun) ont déjà obtenu la confiance des bailleurs grâce au FMI. Deux (Congo et Guinée Equatoriale) traînent encore les pieds, alors même que leur position extérieure s’est fortement dégradée.
Source : Africatime