Le cabinet Konfidants, partenaire de l’Initiative AfroChampions, a réalisé son tout premier index des “African Globalizers”, les entreprises africaines qui ont dépassé les frontières du continent pour conquérir de nouveaux marchés. Un classement que Jeune Afrique publie, analyse et décrypte en exclusivité.
« On parle beaucoup de l’argent investi en Afrique par les entreprises et les institutions étrangères, mais on oublie de dire que des entreprises africaines investissent elles aussi sur les autres continents », déplore le consultant Michael Kottoh, pour qui « il est urgent de changer cette narration ». Et de faire entrer les entreprises du continent dans la liste des Fortune Global 500, publiée par le magazine Fortune, qui classe les 500 premières entreprises mondiales selon l’importance de leur chiffre d’affaires.
Avec Konfidants, le cabinet de conseil qu’il a cofondé à Accra en janvier 2014 et qui revendique des clients comme Ecobank, la BAD ou encore la Fondation Bill et Melinda Gates, il s’est donc intéressé à ceux qu’il a appelés les « African Globalizers » : les entreprises basées en Afrique, mais avec une empreinte transcontinentale.
Réalisé en partenariat avec l’Initiative AfroChampions, son premier index, que Jeune Afrique a pu obtenir en exclusivité ce 25 janvier, recense ainsi 30 sociétés qui correspondent aux critères demandés (voir le classement ci-dessous). Outre le fait d’avoir leur siège social sur le continent, elles doivent avoir au moins deux filiales opérationnelles hors d’Afrique (ou plus de 50 % des parts dans deux entités étrangères). « Bien sûr, il a bien plus de 30 entreprises qui correspondent à ces critères », nuancent les auteurs du rapport, pour qui ce classement doit être vu comme « représentatif des dynamiques en jeu plutôt que comme une liste exhaustive ».
Le continent « a besoin de géants »
Le but d’un tel classement ? Pour Michael Kottoh, trois cibles sont visées par cette étude : « Il y a les entreprises : d’une part, celles que nous classons… Et d’autres part, celles qui aspirent à l’être dans une prochaine édition ! Toutes ont besoin de mieux connaître le marché, de comparer les différents modèles d’expansion, de sources d’inspiration, pour affiner leur stratégie, et enfin les États, qui devraient adapter leur politique pour aider les entreprises locales à progresser. »
Les PME doivent grandir, l’Afrique a besoin de géants
Car le coauteur du rapport en est sûr, l’Afrique a besoin d’entreprises mondialisées. « Le secteur privé africain est surtout connu pour ses PME. C’est vrai que ce sont elles qui créent la majorité des emplois sur le continent, mais elles ne suffisent pas à faire du continent une puissance. Il faut qu’elles grandissent, l’Afrique a besoin de géants », assure-t-il.
Ce sera d’ailleurs à ces « aspirants mondialisés » que sera consacrée la prochaine édition du rapport, annonce le fondateur de Konfidants, dont le cabinet a « déjà commencé à se pencher sur la nouvelle génération d’entreprises africaines globalisées ».
Les entreprises qui devraient ainsi en faire partie : les Nigérians Dangote (qui a déjà annoncé, outre une cimenterie au Népal, des investissements à hauteur de 50 milliards de dollars en Europe et aux États-Unis d’ici 2025) et UBA, les Kényans Equity Bank et Kenya Commercial Bank, l’Ivoirien Sifca ou encore le Camerounais Afriland, qui ont tous une vocation au moins régionale.
Un classement et des enseignements
Pour réaliser son classement, Konfidants a noté les entreprises en fonction du nombre de continents sur lesquels elles sont présentes (30 % du total), le nombre de leurs filiales ou participations majoritaires hors d’Afrique (50 % du score) et la part de leur chiffre d’affaires généré hors du continent (20 %). Une méthodologie qui exclut les compagnies aériennes, qui, malgré une présence à l’échelle globale, ne possèdent souvent pas de filiale étrangère.
Cliquez sur les différents points pour découvrir notre décryptage :
Le classement des « African Globalizers » :
Avec jeuneafrique