Certains parents ou proches des victimes des attentats ont pris la décision de ne pas assister à l’hommage national rendu dans la cour des Invalides, à Paris. En cause selon eux: une politique étrangère contestable de la France.
Parmi les familles des 130 victimes des attentats de Paris et de Saint-Denis, une vingtaine, selon France 2, a pris la décision de boycotter l’hommage national, organisé ce vendredi dans la cour des Invalides à Paris.
> Revoir en vidéo l’hommage national dans la cour des Invalides
Certaines se sont exprimées, ces derniers jours, dans des tribunes ou sur les réseaux sociaux. Elles dénoncent des décisions contestables de l’Etat, en matière de politique étrangère. D’autres considèrent que la sécurité après les attentats de janvier n’a pas été mise en oeuvre comme il se doit.
Recherche “des défaillances”
Dans un post sur Facebook publié jeudi et partagé plus de 650 fois, Pierre Hoche, qui a perdu son fils dans les attentats du vendredi 13 novembre, demande que l’Etat recherche “toutes les causes et toutes les défaillances” qui se sont “enchaînées pour aboutir à l’accident”. S’il estime que “la recherche des coupables, c’est bien et c’est nécessaire”, la “recherche des causes, c’est mieux”.
“La lourde responsabilité des dirigeants”
Dans cet esprit, Eric Ouzounian a écrit, de son côté, une tribune surle Huffington Post. Il accuse l’Etat et ses dirigeants de porter “une lourde responsabilité dans ce qu’il s’est passé”.
L’homme reproche avec vigueur “une politique désastreuse” menée par “la France au Moyen-Orient depuis plusieurs années”, accusant, tour à tour, Nicolas Sarkozy et son intervention en Libye, ainsi que Laurent Fabius et François Hollande, qui ont “poussé “, selon lui, “à l’intervention militaire en Syrie”. Ce journaliste remarque notamment “les excellentes relations diplomatiques et commerciales et qui ont financé Daech”.
La sécurité après les attentats de janvier
La gestion de l”‘après” des attentats de janvier est aussi sévèrement remise en question. Jean-Marie Peretti, père d’Aurélie, 33 ans, tuée au Bataclan, ne s’est pas non plus rendu à Paris. Il s’explique dansNice Matin:
“Je me souviens des attentats de janvier. Dès le lendemain, il y a eu des effets d’annonce. Lors du rassemblement dans les rues de Paris, la sécurité était devenue une cause nationale. J’y ai cru ! Mais que s’est-il passé? L’espace Schengen a laissé passer toutes ces personnes pourtant signalées par le fameux fichier S. L’espace Schengen est devenu une passoire qui a permis à ces gens-là de venir perpétrer des actes terribles sur notre territoire. Rien n’a été fait !”, raconte-t-il en colère au quotidien régional.
La colère des familles
Sur Facebook, Emmanuelle Prévost, la soeur de François-Xavier Prévost, mort à 29 ans dans la salle de concert, a également accusé le pouvoir et la classe politique. Elle expose les mêmes raisons que celles données par Jean-Marie Peretti. “Merci Monsieur le Président, Messieurs les politiciens, mais votre main tendue, votre hommage, nous n’en voulons pas et vous portons comme partie responsable de ce qui nous arrive!”, a-t-elle écrit.
Une position partagée aussi par Patrick Jardin. Le père de Nathalie Jardin 31 ans, décédée au Bataclan et qu’il a cherchée pendant des jours après les attentats, a évoqué pour La Voix du Nord jeudi, “toute sa haine”, vis-à-vis des politiques qui, pour lui, ont “du sang sur les mains”. Les paroles de ce père sont violentes. Il déclare au quotidien: “J’ai autant de haine pour eux que pour ceux qui ont tiré sur ma fille”. Ce dernier s’est tout de même rendu aux Invalides pour son fils.” Je ne me vois pas le laisser seul pour traverser ça.”
Des rescapés perplexes
Alexis, 26 ans, rescapé du Bataclan, a, quant à lui, refusé de se rendre à la cérémonie organisée. Interviewé sur Francetv Info, il développe: “Je reste très sceptique sur cette cérémonie organisée aux Invalides. Elle relève du protocole, presque de l’obligation institutionnelle. Si je regarde, je serai sans doute bouleversé, par empathie pour les victimes, mais je préfère intérioriser mes pensées. Certaines familles de victimes ont d’ailleurs refusé d’y participer, ce que je comprends tout à fait. Ma famille aurait sans doute réagi pareil. Maintenant, si cela fait du bien aux personnes touchées, tant mieux.”
avec lexpress