Regards croisés d’enseignants et d’un parent sur cet exercice d’orthographe, que la ministre de l’Éducation nationale souhaite “ quotidien ” dans les écoles.
Au-delà de sa portée médiatique, la petite phrase de la ministre de l’Éducation nationale a permis une réflexion sur l’exercice d’orthographe en faveur duquel elle s’est positionnée. Et il apparaît qu’une partie du corps enseignant n’avait pas attendu le conseil gouvernemental pour systématiser la pratique de la dictée en classe. Virginie Cochereau et Juliette Bigot, enseignantes en CM2 et CE2 à l’école élémentaire Jules-Ferry de Blois, expliquent ainsi avoir adopté, « depuis plusieurs années, une approche progressive et transversale » de la dictée, en lien avec des lectures ou des sorties qu’ont effectuées les élèves. S’appuyant parfois sur l’outil numérique, elles proposent des dictées de dix minutes, un quart d’heure, chaque matin.
Un rituel qui favorise la mémorisation
L’aspect « rituel », qui « favorise la mémorisation », est pour elles essentiel, d’autant plus que « certains élèves ne parlent pas français une fois rentrés chez eux ».
Dans les classes multiculturelles, mais aussi dans les autres, la dictée fait ses preuves. « Depuis trois ans, je pratique la “ dictée flash ” », témoigne Virginie Grospart. Le principe ? L’enseignante dicte une phrase différente par jour aux élèves, pendant trois jours. Le quatrième, elle reformule un texte, à partir du vocabulaire utilisé dans les phrases précédentes. « Ce système permet aux enfants de mobiliser leurs apprentissages. Il met en place une gymnastique mentale », détaille la professeure des écoles, qui a par ailleurs mis un système d’évaluation fondé plus sur l’acquisition de compétences que sur la sanction d’erreurs. « Il s’agit de voir si l’élève a su conjuguer, accorder, restituer l’orthographe de mots acquis… »
« A la fin de l’année de CM2, nous notons des évolutions positives », insistent les deux collègues de Jules-Ferry, dont certains jeunes élèves utilisent leur maîtrise du français pour aider leurs parents, frères, sœurs. « En fin d’année, nous refaisons la première dictée de l’année pour constater les progrès réalisés », confirme Virginie Grospart.
Enseignante depuis dix-sept ans en classe de CM1, cette dernière explique avoir découvert sa méthode de dictée « nouvelle génération » grâce à « des travaux de chercheurs, des blogs » de confrères… Chaque début d’année, elle l’explique aux parents, afin que ces derniers ne raisonnent pas avec leurs enfants « de la même manière que lorsqu’eux ont appris. La systématisation de la dictée l’a rendue, aujourd’hui, plus banale et moins traumatisante. »
(*) La ministre avait ensuite répondu à la réaction des syndicats, en rappelant son « attachement à la liberté pédagogique ».
repères
L’exercice ” doit permettre de progresser “
Président départemental de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), Didier Nevoux est favorable à la dictée, « à condition qu’elle permette à l’enfant de progresser, qu’elle ne soit pas bête et méchante ».
> L’exercice doit, selon lui, « encourager » l’élève, qui ne doit pas le considérer comme une sanction.
> « Dans les écoles qui ne le pratiquent pas, souligne le père de famille, les jeunes font de nombreuses fautes d’orthographe. » Mais la plupart des enseignants mettaient, selon lui, déjà en œuvre la dictée – avec des mots ou des textes – avant que la ministre ne la défende.
avec lanouvellerepublique