En dépit des chocs négatifs, la croissance économique régionale des pays membres de l’UEMOA est restée en dessus de la barre des 6% en 2017 pour la sixième année consécutive selon le FMI. Le principal défi reste toutefois, de parvenir à parvenir à l’ajustement des déficits budgétaires nationaux vers le critère de convergence de 3% du PIB à partir de 2019 afin notamment d’assurer la stabilité macroéconomique et soutenir la dynamique de croissance.
Les 8 pays membres de l’UEMOA ont tenu le choc face à la conjoncture. C’est ce qui ressort de la dernière évaluation de la situation économique régionale estimée par la mission du Fonds Monétaire International (FMI) qui a séjourné dans la sous-région du 11 au 24 janvier où elle a échangé avec les responsables des principales institutions de l’Union basées à Ouagadougou, Abidjan, Lomé, et Dakar sur les politiques communes de l’organisation sous-régionale d’intégration économique. « La croissance économique régionale a dû dépasser 6% en 2017 pour la sixième année consécutive, en dépit de chocs négatifs des termes de l’échange et de préoccupations sécuritaires » a estimé le Fonds à l’issue de l’évaluation qui a fait ressortir que l’inflation est restée faible en dépit de la bonne production agricole. Toutefois, les déséquilibres internes et externes ont persisté. Le déficit budgétaire consolidé a été ainsi estimé à 4,6% du PIB en 2017, le même niveau qu’en 2016. « Ce déficit et des termes de l’échange défavorables ont contribué à une hausse du déficit du compte courant extérieur » a fait ressortir le fonds dans le communiqué de fin de mission.
La dette publique s’est ainsi accrue et le service de la dette demeure élevé, du fait des larges déficits budgétaires et des opérations des Trésors nationaux. Le résultat, c’est que la couverture des réserves de change à fin 2017 s’est stabilisée à environ 4 mois d’importations, du fait d’émissions d’eurobonds par la Côte d’Ivoire, le Sénégal, et la BOAD.
« Les perspectives de croissance restent favorables mais sont sujettes à des risques défavorables. La croissance économique devrait rester supérieure à 6% sur le moyen terme, sous l’hypothèse cruciale d’une bonne mise en œuvre des programmes d’assainissement budgétaire et des réformes structurelles. Les principaux risques pesant sur cette perspective incluent des dérapages dans les programmes de consolidations budgétaires, des lenteurs dans la mise en place des réformes structurelles, de nouveaux défis sécuritaires, ainsi que des incertitudes relatives à la croissance mondiale et aux conditions sur les marchés financiers internationaux ». FMI
D’après le chef de mission du FMI, Dhaneshwar Ghura, « l’ajustement des déficits budgétaires nationaux vers le critère de convergence de l’UEMOA de 3% du PIB à partir de 2019 est cruciale pour assurer la stabilité macroéconomique et soutenir la croissance ». Par conséquent, l’année en cours est cruciale pour assurer la convergence vers des déficits budgétaires soutenables. En ce sens, « la consolidation budgétaire nécessitera d’accroître la mobilisation des ressources intérieures et de prioritaires les dépenses, notamment des réformes de politique fiscale pourraient permettre de créer un espace pour réduire les déficits budgétaires sans compromettre l’investissement en infrastructures publiques et les dépenses sociales et de sécurité ».
Tensions de liquidités
Selon le FMI, les mesures prises par la banque centrale des 8 pays membres, la BCEAO depuis fin 2016 ont permis d’initier un rééquilibrage des conditions monétaires et de stimuler le développement du marché interbancaire. Cependant, a relevé le Fonds, des tensions de liquidité sur le marché monétaire sont réapparues depuis septembre 2017, augmentant ainsi les taux interbancaires. La mission a de ce fait encouragé la BCEAO à ajuster ses opérations de politique monétaire si de telles tensions persistent, ou en cas de nouvelles tensions sur les réserves de changes. « Des réformes ambitieuses pour moderniser le secteur financier, conformément aux principes de Bâle II et III ont été introduites » a constaté la mission.
Les réformes ont concerné l’augmentation graduelle, sur plusieurs années, du capital minimum requis, l’introduction d’un nouveau plan comptable, la création d’un système de supervision consolidé des groupes bancaires, le renforcement du cadre de résolution bancaire, et la mise en place d’un fonds de garantie des dépôts. La mission a également encouragé les autorités régionales à prendre toutes les dispositions nécessaires pour la mise en œuvre effective de ces importantes réformes qui devraient permettre d’améliorer la qualité du portefeuille de prêts des banques et rendre le système financier plus stable et plus résilient face aux chocs.
Avec latribuneafrique