Vous hésitez à lui dire non ? Changez votre fusil d’épaule ! Car bien cadrer votre enfant, c’est lui donner toutes les chances d’exploiter au mieux son potentiel intellectuel.
Depuis quelques années, de nombreux pays tentent de faire passer le message aux parents : ne laissez pas votre enfant grandir sans limite, osez l’autorité. Facile à dire, beaucoup moins à tenir au quotidien… Si vous sentez qu’il vous faudrait une motivation en béton armé pour garder le cap de l’autorité, en voilà une : l’interdit rend votre enfant plus intelligent ! Par quel miracle ? Explications.
Il stimule sa curiosité
Un petit enfant est naturellement animé par une grande curiosité, ce que Freud appelait une « pulsion de savoir ». D’où ses incessantes questions : mais pourquoi, mais comment ? Bien sûr, vous avez à cœur de lui répondre le mieux possible afin de lui transmettre des connaissances. Mais sachez que vous pouvez aussi rester évasifs, voire même lui opposer un refus quand il s’aventure sur certains territoires, particulièrement celui de la sexualité. « Ne pas tout dévoiler de la sexualité à un enfant, trop tôt, constitue un interdit très stimulant. C’est justement le fait de refuser de l’éclairer sur ce sujet qui le passionne tant qui va le pousser à solliciter son intelligence, mobiliser toutes ses capacités intellectuelles pour élaborer ses propres réponses et résoudre cette énigme » avance Gabrielle Rubin, psychanalyste et auteur de Pourquoi l’interdit rend nos enfants intelligents ? (éd. Eyrolles). Rien de tel qu’une porte fermée pour avoir envie de la pousser et découvrir ce qui se cache derrière ! Selon la spécialiste, ce refus de répondre à certaines de ses questions ne constitue en aucun cas un interdit de penser mais bien au contraire une incitation à penser par lui-même. C’est à partir de cette toute première quête – fort excitante et jouissive car enveloppée d’un parfum de transgression – qu’un enfant va prendre le goût de faire fonctionner sa matière grise pour comprendre le monde qui l’entoure. Et ainsi acquérir le réflexe de ne pas laisser son intelligence en jachère, de ne pas céder à la paresse de la pensée.
Il le pousse à être créatif
Non, tu ne peux pas jouer aux jeux vidéo jusqu’à 2 heures du matin ! Non, tu ne peux pas te nourrir seulement de bombons ! C’est quotidiennement que vous vous épuisez à rappeler les règles destinées à canaliser les pulsions de plaisir de votre enfant. Mais ces limites ne servent pas seulement à le protéger de l’épuisement par manque de sommeil ou d’une potentielle indigestion… « L’interdit agit comme un barrage qui domestique l’impétuosité d’un torrent pour la transformer en une énergie positive, de l’électricité par exemple. En effet, ce mur infranchissable oblige l’enfant à élaborer des stratégies de contournement pour satisfaire sa pulsion de manière acceptable et qui ne le mette pas en danger, ni lui ni les autres. C’est ce qu’on appelle la sublimation et elle est à l’origine des plus grandes créations intellectuelles et artistiques, des plus grandes découvertes scientifiques et techniques » explique Gabrielle Rubin. En disant non à votre enfant, vous lui offrez donc la chance de se montrer intelligent et inventif pour trouver d’autres façons que la facilité pour accéder au plaisir, vous le poussez à se dépasser.
Il rend tolérant à la frustration
Il n’est évident pour personne de supporter la frustration provoquée par les interdits, de renoncer à la satisfaction de tous ses désirs. Cela s’apprend, avec le temps, et surtout à force d’être régulièrement confronté à des limites. « Dans le domaine des apprentissages et du contexte scolaire, il est essentiel qu’un enfant soit apte à admettre la frustration sans colère ni révolte, sans éprouver un terrible sentiment d’injustice. Car elle est partout ! Avant de savoir, il doit reconnaitre qu’il ne sait rien et pour cela descendre de son trône d’enfant roi. Pour apprendre, il lui faut fournir des efforts, suivre des cours et faire des devoirs même si cela lui procure un déplaisir certain » décrit la psychanalyste. Voilà pourquoi un enfant livré à lui-même et privé d’autorité est très rarement un bon élève. Sans personne pour lui fixer un cadre strict – tu fais tes devoirs de telle heure à telle heure, et pendant ce temps du éteins ton téléphone et ta console de jeux – il ne trouve pas tout seul l’énergie pour s’atteler à cette tâche ingrate. Il stagne, scolairement et intellectuellement. Un destin dont personne ne rêve pour son enfant…
Un antidote à l’angoisse : Parce qu’ils donnent de la cohérence à son existence et lui fournissent des directions claires à suivre, les interdits sont rassurants pour l’enfant : ils l’aident à lutter contre les angoisses. Un bon point car un climat trop anxiogène est un frein à l’épanouissement de l’intelligence. « Quand l’anxiété prend trop de place dans le psychisme au point de l’envahir, il n’existe plus d’espace pour la réflexion et la pensée. Elle incite à se recroqueviller sur soi et pas à développer toutes ses potentialités » regrette Gabrielle Rubin.
Source : femmeactuelle.fr