Le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP) en collaboration avec le Laboratoire de Pédologie de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny (INPHB) de Yamoussoukro a organisé, à l’attention de différentes catégories d’acteurs de la Filière Maïs, une journée agricole sur la fertilisation raisonnée du mais basée sur le niveau de l’azote organique minéralisable. C’était du 10 au 11 Décembre 2014 respectivement à Marabadiassa et Yamoussoukro.
En effet, la pauvreté chimique des sols constitue l’une des contraintes majeures à l’augmentation de la productivité agricole. Pour apporter une solution idoine à cette problématique, le PPAAO/WAAPP-Côte d’Ivoire a financé un projet de fertilisation raisonnée sur une vaste échelle géographique, portant sur les cultures de maïs, d’igname et de manioc.
Ce projet est bâti sur l’hypothèse principale que la fertilisation minérale peut générer une plus-value conséquente pour le producteur si elle est faite sur la base d’un diagnostic fiable de la fertilité du sol et si elle vise, également, à redresser les déséquilibres constatés dans le sol lors de la mise en place des cultures. Il s’appuie sur l’utilisation d’une méthode d’analyse de l’azote organique minéralisable, dont la pertinence des mesures a été déjà validée en matière de diagnostic de la fertilité des sols au cours de différentes situations cultivées, selon des études réalisées par Professeur TIE BI Tra du Laboratoire de Pédologie de l’INPHB de Yamoussoukro.
Le projet de fertilisation raisonnée a pour objectif, entre autres, d’améliorer la productivité des parcelles de maïs par l’emploi de semences améliorées et d’intrants minéraux à apporter sur la base du niveau de l’azote organique minéralisable, (N-NH4+), considéré comme le facteur principal de la fertilité des sols. De façon spécifique, il s’agit au travers de ce projet (i) d’intensifier convenablement la culture de maïs, (ii) d’adapter la fertilisation à la qualité du sol, (iii) d’améliorer l’efficience de la fertilisation et (iv) de réduire les quantités des doses d’engrais en tenant compte de la qualité du sol.
Pour ce faire, le projet a ciblé des régions où la fertilisation minérale est courante à savoir Ferkessédougou, Katiola et Marabadiassa. Il faut souligner que dans ces régions géographiquement éloignées les unes des autres, la fertilisation est réalisée, selon le dosage standard de 200 kg/ha de NPK et 100 kg/Ha d’urée recommandé par la recherche.
La méthodologie adoptée a consisté, d’abord, à initier les producteurs à l’opération de prélèvement des sols afin qu’ils soient capables de faire les prélèvements eux-mêmes. La formation a été réalisée sur le terrain. Chaque producteur formé a réalisé son échantillon composite constitué d’un minimum de 20 à 30 prélèvements individuels par hectare, répartis de sorte à prendre en compte toutes les hétérogénéités de surface de la parcelle. Les échantillons de sols ont été acheminés et analysés au Laboratoire de Pédologie. A l’issue de l’analyse, chaque producteur a reçu le plan de fertilisation adapté à la qualité de son sol de même que les quantités d’engrais nécessaires.
Ainsi, au cours de la journée agricole qui a regroupé environ 70 participants au nombre desquels figurent des chercheurs, des agents de développement, des gestionnaires de projets de développement agricole et des producteurs de maïs, 3 parcelles tests fertilisées sur la base des résultats du diagnostic de sol, dont une parcelle avec la dose de 75kg d’Urée/ha, une deuxième parcelle avec 100 kg/ha d’Urée et 25 Kg/ha de Chlorure de Potasse (KCl) et une troisième parcelle avec 150 kg/ha d’Urée et 25 kg/ha de KCl, ont été visitées. A l’intérieur de chaque parcelle test, une parcelle témoin sans apport d’engrais a été mise en place. A côté de ces parcelles tests, il existait une parcelle fertilisée avec la dose standard (200 kg/ha de NPK et 50 kg/ha d’Urée) appartenant à un groupement de femmes qui a été, également, visitée.
Par ailleurs, au cours des visites des parcelles de démonstration, les participants ont échangé avec les producteurs pour recueillir leurs avis et les avantages de cette nouvelle méthode de fertilisation. Les questions liées à la pertinence de la technologie, aux techniques de prélèvement du sol, aux moyens d’acheminement des échantillons de sol vers le Laboratoire de Pédologie de l’INPHB et au coût de l’analyse ont été abordées. Très émerveillés par l’aspect végétatif du maïs ainsi que la grosseur et la qualité des épis de maïs obtenus sur les parcelles tests basées sur la fertilisation raisonnée, les producteurs se sont réjouis de cette nouvelle technologie qui leur permettra d’accroître leur productivité, de réduire de façon drastique les doses d’engrais utilisées et d’améliorer leur revenu.
A la suite de la visite, les participants ont, au cours d’une séance de travail, élaboré un plan d’actions en vue de la diffusion de cette technologie sur l’ensemble du territoire national. A cet effet, les modalités pratiques de prélèvement, d’acheminement des échantillons des sols au Laboratoire de Pédologie ainsi que de la stratégie de sensibilisation et de formation des producteurs ont été définies.
Au terme de la rencontre, une visite guidée du Laboratoire de Pédologie de l’INPHB a permis aux participants de découvrir le résultat des travaux de réhabilitation et d’équipement dudit laboratoire réalisé par le PPAAO/WAAPP ainsi que des différentes étapes d’analyse des échantillons de sols.