La cigogne oiseau de bon augure? Pas pour les habitants des zones proches de l’aéroport de Annaba, ni pour les services de la gendarmerie nationale, rapporte l’agence de presse APS dans un article qui porte un coup à l’image poétique et positive associée à ce volatile.
A Annaba et El Tarf, “quand passent les cigognes” n’a rien d’un moment poétique. Les gens n’y voient pas un symbole de fécondité, de fidélité, de richesse et de santé comme des légendes bien établies le disent pour un volatile, apprécié par les agriculteurs durant des siècles pour son rôle de nettoyeur des “champs et marécages des serpents et d’autres animaux peu appréciés par les habitants.”
Les services de la gendarmerie nationale, rapporte l’agence de presse, ont très sérieusement mis en cause “une grave atteinte à l’environnement causée par des dizaines de cigognes attirées par une décharge à ciel ouvert relevant de la société régionale des abattoirs de volailles de l’Est”. Ils évoquent un “important risque pour les aéronefs qui décollent ou atterrissent sur la piste de l’aéroport d’Annaba”, situé à moins de 700 mètres de là.
Attention aux “collusions aviaires” avertit l’APS qui rappelle que récemment un Airbus de la compagnie américaine US Airways “transportant 155 personnes a été percuté au-dessus de New-York (USA) par une nuée de bernaches du Canada, provoquant la perte de puissance des réacteurs et obligeant l’avion à faire un amerrissage d’urgence sur le fleuve Hudson”.
La ” menace évoquée par la Gendarmerie nationale est bien réelle et commande de trouver le plus rapidement possible une solution aux risques que représente cette décharge pour l’environnement, mais également – et surtout- pour des vies humaines” ajoute l’agence
Le vrai coupable, une décharge sauvage d’une société d’abattage
Finalement, le fond, bien laid, du problème n’est pas le leqlaq – nom arabe de la cigogne- mais bien la décharge sauvage d’El Chatt, localité proche de l’aéroport de Annaba. Le “menu” des produits qui y sont déversés quotidiennement en toute illégalité est constitué “d’importantes quantités de restes d’abats de poulets”.
Un vrai “garde-manger pour les cigognes dont les inlassables allées et venues vers cet endroit fétide, en quête de nourriture, sont un véritable danger qu’il ne faudrait pas prendre à la légère”, selon les services de la Gendarmerie nationale.
Le vrai coupable? La gendarmerie et les services de l’environnement le désignent clairement: l’entreprise qui a créé cette décharge sans autorisation et au mépris de en “la réglementation en vigueur”.
Les cigognes paraissent bien un faux coupable. De toute façon la solution n’est pas de les canarder, il est plus simple de faire respecter la loi et de mettre fin à l’activité délictueuse de cette entreprise qui fait, selon la gendarmerie ” de l’abattage au mépris des règles” et exerce ses activités “sans autorisation”.
“L’abattoir et sa décharge mettent en péril aussi bien la vie des citoyen que l’environnement, sachant que les déchets finissent généralement dans un oued traversant la route nationale n° 44” insiste la gendarmerie. Et les défenseurs de l’environnement pourraient ajouter: l’abattoir et la décharge sont aussi une menace pour les cigognes. Et pour leur image de marque!
avec huffpostmaghreb