Les responsables militaires français estiment que la dernière étape du voyage du pape François en Afrique, à Bangui la semaine prochaine, est “risquée”.
Pour l’instant, le Vatican n’a pas renoncé à la visite que le pape François souhaite rendre à Bangui à l’issue de ses déplacements au Kenya et en Ouganda du 25 au 29 novembre. Mais les autorités françaises, qui disposent sur place en Centrafrique de 900 soldats affectés essentiellement par l’opération Sangaris à la sécurisation de l’aéroport de Bangui, estiment que ce déplacement n’est pas “raisonnable”. Les violences meurtrières intercommunautaires entre chrétiens et musulmans qui ont émaillé la dernière semaine d’octobre ont laissé des traces. Et la campagne pour l’élection présidentielle, dont le premier tour doit avoir lieu le 27 décembre offre un contexte ou un prétexte à tous les extrémistes tentés par une nouvelle phase de déstabilisation du pays.
La sécurité de pape François à Bangui pas garantie?
Plusieurs scénarios ont été envisagés dans les contacts diplomatiques et sécuritaires entre Paris et le Vatican : une étape de deux demi-journées, une annulation pure et simple du voyage et une visite de quelques heures qui permettrait au Pape d’honorer sa promesse “d’ouvrir les portes de la cathédrale de Bangui” à l’occasion du Jubilé de la miséricorde. Les chefs militaires français présents en Centrafrique ont transmis à Paris leur crainte de voir de nombreux groupes catholiques camerounais, tchadiens et congolais affluer vers Bangui alors que “les routes menant à la capitale ne seraient pas toutes balisées”.
Les officiels français ont aussi mis l’accent sur le fait que les troupes onusiennes de la Minusca déployées dans la capitale “ne pourraient pas tout faire”, autrement dit qu’il serait difficile de garantir la sécurité du chef de l’Eglise catholique dans un pays “où il n’y a toujours pas d’autorité légitime” et où les institutions sécuritaires sont quasi-inexistantes. Selon un officiel français au courant des échanges d’information entre Paris et le Vatican, le Pape aurait insisté sur sa “détermination” de s’arrêter à Bangui, voyant dans cette étape la possibilité pour lui de contribuer à la “réconciliation” des Centrafricains.
avec lejdd