CONAKRY-Le Gouvernement guinéen vient d’être interpelé « à nouveau » sur le sort de plusieurs officiers de l’armée guinéenne, maintenus en prison, sans jugement depuis plus de quatre ans. Général Nouhou Thiam et certains de ses codétenus sont accusés de « désertion », dans l’affaire de l’attaque qui a visé le domicile privé du président de la République le 19 juillet 2011.
Ces officiers renvoyés devant un tribunal militaire attendent toujours leur jugement. L’ouverture de leur procès avait été annoncée en septembre dernier avant d’être annulé, sans motif. Une situation qui inquiète leurs avocats.
« Cette détention est injustifiable dans la mesure où les faits qui leur sont reprochés, même s’ils sont reconnus coupables, ils ne peuvent en courir que 3 à 4 mois de peine », crie maître Alsény Aissata Diallo, interrogé par notre rédaction.
L’avocat estime que « rien de sérieux n’a été fait jusque maintenant », pour l’ouverture du procès de ces officiers. Touefois, un point le réconforte et lui redonne de l’espoir : les « rumeurs » annonçant l’élargissement prochain, par le Chef de l’Etat, de tous les détenus politiques.
« Nous entendons comme tout le monde que le Président de la République pourrait bien exercer son droit de grâce pour tous les détenus politiques. Si cela se concrétisait, ça serait une façon de mettre fin à l’arbitraire et à l’injustice dans notre pays », a indiqué M. Diallo.
Le seul hic si ces rumeurs se confirmaient, comme c’est souvent le cas en Guinée, c’est ce que le droit de grâce ne peut s’exercer que sur les personnes jugées et condamnées.
« Juridiquement, c’est impossible (de gracier quelqu’un qui n’est pas jugé) parce que le droit de grâce s’exerce en faveur de quelqu’un qui a été jugé et condamné », consent l’avocat, qui laisse entrevoir cependant une autre possibilité.
« De toute façon, la seule autorité qui peut leur demander de sortir sans qu’ils ne soient jugés, c’est le Pouvoir exécutif (…) Parce que tout le monde sait que ce sont des détenus politiques, ce ne sont pas des détenus de droits commun, donc à tout moment le Pouvoir politique peut les élargir », souligne maitre Alsény Aissata Diallo, invitant le Gouvernement d’organiser le procès.
« Nous invitons le Gouvernement et les autorités judicaires à tous les niveaux d’organiser ce procès pour qu’ils puissent finalement connaître leur sort », a lancé l’avocat.
Interpelée sur la question, une source au niveau du Département de la Justice a confié à notre reporter que le cas de ces officiers est un “dossier du tribunal militaire qui est compétent pour juger ces cas d’insubordination”. Notre interlocuteur a précisé que “les juges de ce tribunal ont été nommés, ils ont un siège”.
avec africaguinee