Arrivés dans ce site d’accueil dans des conditions précaires, plus de 11.000 déplacés vivent dans des conditions difficiles sous l’encadrement des organisations humanitaires.
« Les Anti-balakas avaient bloqué le village pendant deux semaines et nous nous sommes refugiés chez l’adjoint au maire de Baharou. C’est par là qu’on a organisé notre sortie de la Rca à partir de la ville de Kentzou. J’étais enceinte et j’ai accouché sur la route de Garoua-Boulaï ». Ce témoignage de Hadija Hamadou, âgée de 25 ans, mère de trois enfants et refugiée centrafricaine dans le camp de Borgop, localité située dans l’arrondissement de Djohong, département de la Mbéré, région de l’Adamoua, illustre à suffisance les conditions dans lesquelles les 11705 réfugiés centrafricains de ce camp sont arrivés au Cameroun.
Selon les statistiques présentées par Mohamadou Awalou, gestionnaires du site, le camp Borgop s’étend sur une distance de 3,2 km. « La situation est horrible. Les réfugiés arrivent dans un état vraiment déplorable, parce que certains ont marché parfois pendant plus de 40 jours pour parvenir au Cameroun»,
affirmait déjà Ndèye Ndour, alors représentant du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Cameroun, au lendemain de la visite d’Abou Moussa, représentant spécial du secrétaire général des Nations-unies dans le camp de Gado Badgéré à l’Est, courant 2014. Une fois arrivé au camp de Borgop, l’enfant de Hadija Hamadou qui a vu le monde en cours de route, a été pris en charge par les organisations humanitaires présentes sur le site.
Aujourd’hui, Aissatou Timidja, âgé de 16 mois, possède son acte de naissance établi par le service communauté du camp. « Nous travaillons en collaboration avec le service de santé pour obtenir les déclarations de naissance que nous acheminons au centre d’état civil de Djohong. A ce jour, nous avons déjà établi plus de 250 actes de naissance pour les enfants du camp », affirme Aboubaka Daoda Issa, chef d’équipe IEDA-Relief. Dans le camp de Borgop, malgré l’assistance multiformes des Ong, les refugiés sont contraints à se livrer aux petites activités commerciales et aux petits métiers pour la survie quotidienne.
Priorité à l’éducation
Depuis l’arrivée de refugiés sur le site, le nombre toujours croissant des enfants dans le camp de Borgop a provoqué un besoin en infrastructures scolaires et sanitaires dans le village qui n’avait jusque-là qu’une population d’environ 100 habitants. Pour résoudre ce problème, le Fonds des Nations-unies pour l’enfance (l’Unicef), avec l’appui financier du gouvernement japonais, a financé la construction de deux blocs de deux salles de classe à l’école primaire publique de Borgop. « La construction de quatre salles de classe va résoudre l’un des problèmes criards qui est le manque de salles de classe pour les 431 élèves dont 300 réfugiés que nous avons enregistrés cette année», a affirmé Yaya Ibrahima, directeur de l’Epp de Borgop, lors d’une visite du site mercredi 21 octobre 2015. Le financement du gouvernement japonais a également permis à l’Unicef de construire un point d’eau à l’Epp de Borgop. Cependant M. Yaya, au nom de la communauté éducative, présente la principale doléance de cette école créée en 1969, à savoir la création d’un centre multimédia pour connecter Borgop au village planétaire. Rappelons que depuis fin 2013, le Cameroun connaît, tout au long de sa frontière avec la Rca, un afflux massif des refugiés fuyant les violences dues à la crise politique dans ce pays voisin. A nos jours, plus de 100.000 personnes ont été accueillies dans les sites de refugiés aménagés à cet effet dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua. Ces populations qui sont essentiellement constituées de femmes et d’enfants sont hautement vulnérables, du fait des conditions précaires dans lesquelles ils vivent. Face à cette urgence, le système des Nations-Unies, à travers ses agences spécialisées dont l’Unicef, avec le financement du gouvernement japonais apporte depuis leur arrivée, une réponse pour la prise en charge adéquate des ces victimes de crise.