Le projet de loi de règlement de cet exercice transmis à la Présidence révèle par ailleurs que plus de 79 milliards n’ont pas été exécutés dans le budget d’investissement.
Le projet de loi de règlement actuellement sur la table du président de la République, qui fera l’objet de débats avant son adoption devant le Parlement en marge de sa session de ce mois de novembre consacrée au vote et à l’adoption du budget de l’Etat du Cameroun pour 2016, ne sort pas de l’ornière. Son rapport de présentation transmis à Paul Biya la semaine dernière révèle que les dépenses de fonctionnement ont été exécutées à 2068,56 milliards F Cfa, sur des prévisions de 2012 milliards F Cfa. Taux de réalisation : 102,76%.
Calculette en main, on se rend bien compte que l’exécution de ce volet du budget de l’Etat est en dépassement de plus 56 milliards F Cfa. A contrario, les dépenses d’investissement ont été exécutées à hauteur de 918,14 milliards F Cfa, sur des prévisions de 997,24 milliards F Cfa. Taux de réalisation : 92,07 milliards F Cfa.
Mathématiquement, plus de 79 milliards F Cfa n’ont pas été exécutés dans le budget d’investissement. Le service de la dette publique a, quant à lui, été réalisé à hauteur de 291,58 milliards F Cfa sur des prévisions de l’ordre de 302,80 milliards F Cfa, soit un taux de réalisation de 96,30%.
Le document susmentionné renseigne que ce taux est reparti entre la dette publique intérieure réglée à hauteur de 190 milliards F Cfa et la dette extérieure, couverte à hauteur de 101,58 milliards F Cfa. Au sens de l’article 2 (1) de la loi portant Régime financier de l’Etat (en vigueur depuis le 26 décembre 2006), la loi de finances est un acte qui, voté par le Parlement, prévoit et autorise l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat chaque année, en précisant leur nature, leur montant et leur affectation et en fixant leur équilibre.
Formalité
D’où vient-il donc que, dans le budget 2014 de l’Etat du Cameroun, les dépenses de fonctionnement soient en dépassement de plus de 56 milliards F Cfa ? Et qu’a contrario, plus de 79 milliards F Cfa n’aient pas été exécutés au niveau des dépenses d’investissement ? Le surcroit de 56 milliards F Cfa occasionné au niveau des dépenses de fonctionnement est-il inhérent à la guerre contre la secte islamiste Boko Haram, déclarée officiellement par le Cameroun en mai 2014 ? C’est une question à laquelle devrait répondre le gouvernement, après avis du président de la République, ce mois devant les députés et les sénateurs. D’autant qu’il est bel et bien permis à l’exécutif d’engager des dépenses non prévues dans la loi de finances, et de les justifier en temps opportun devant le Parlement, dans le cadre de la loi de règlement, comme l’explique fort à propos l’ingénieur financier Babissakana.
S’il est admis qu’une exécution stricte du budget de l’Etat est utopique, dans le contexte purement camerounais, des écarts énormes sont constatés au fil des ans entre les prévisions et les réalisations. Bien qu’actuellement dans l’impossibilité de rentrer en possession de l’exposé des motifs du projet de loi de règlement transmis à Etoudi, on peut dire sans risque de se tromper que l’opinion n’aura pas les explications nécessaires sur les raisons de ces écarts de la part du gouvernement. Surtout que la loi de règlement n’a représenté jusqu’ici qu’une formalité. D’un autre côté, le chef de l’Etat a maintes fois fustigé la sous-consommation du Budget d’investissement public (Bip) dans ses discours, mais le gouvernement est demeuré réfractaire aux réformes.