Les entreprises touristiques d’ici et d’ailleurs se frottent les mains : l’année 2017 a fracassé les records d’affluence, et ce, tant au Québec et au Canada que sur la scène internationale.
Dans la province, plusieurs régions ont connu des saisons exceptionnelles. C’est le cas de la Gaspésie. « Le secteur hôtelier a connu un taux d’occupation record : 74 % en juillet et 77 % en août. Du jamais-vu depuis les 16 dernières années », explique Stéphanie Thibaud, directrice du marketing pour Tourisme Gaspésie. À Montréal, le taux d’occupation hôtelier a grimpé de 5,1% en 2017, selon le Conference Board du Canada. Seul Ottawa a fait mieux (5,5%).
Même son de cloche au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où 65 % des attractions ont connu une hausse de leur achalandage. Aux Îles-de-la-Madeleine, le nombre de visiteurs a franchi le cap des 74 000 personnes – un bond de 7 % par rapport à 2016. « Les mois de juin et de septembre ont été particulièrement bons », explique Damien Deraspe, président du conseil d’administration de Tourisme Îles-de-la-Madeleine. Le nombre de croisiéristes internationaux en escale aux Îles a quant à lui augmenté de 120 %, avec 6000 débarquements.
Pour Stéphanie Thibaud, de Tourisme Gaspésie, plusieurs facteurs expliquent ces hausses. « Les Québécois, qui composent de 75 à 80 % de notre clientèle, avaient envie de rester dans la province et ils avaient du temps pour voyager. »
« Le taux de change était en notre faveur, le prix de l’essence était intéressant. De plus, le contexte politique aux États-Unis et la situation sécuritaire à l’international ont aidé. »
– Stéphanie Thibaud
« Et tout ça s’est bonifié avec une super météo, qui a pu favoriser les décisions de dernière minute, les vacances à l’improviste », se réjouit Mme Thibaud.
Damien Deraspe ajoute : « La météo a été très bonne en 2016 et souvent, les répercussions se font sentir l’année suivante. Aux Îles, la météo a aussi été excellente en 2017 et déjà, on observe un bond de 92 % par rapport à l’an dernier pour les réservations entre juillet et octobre 2018. »
Au Canada, le nombre de visiteurs qui sont restés pour au moins une nuitée a grimpé de 3,1%, selon le Conference Board du Canada. Les Américains sont venus nombreux: une augmentation de 2,7%. Parmi les villes canadiennes, c’est Ottawa-Gatineau (5,5%) et Montréal (5,1%) qui ont connu les plus fortes croissances du nombre de visiteurs.
CROISSANCE INTERNATIONALE
Sur la scène internationale, l’augmentation a aussi été marquée. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les destinations du monde entier ont accueilli, entre janvier et août, 901 millions de touristes internationaux (visiteurs qui passent la nuit). C’est 56 millions de plus que pour la même période l’an dernier, soit une progression de 7 %. Résultat : pour la huitième année de suite, le tourisme international connaît une forte croissance.
L’Afrique est la région qui a connu la plus forte hausse, soit 9 %. C’est en grande partie attribuable à la performance de l’Afrique du Nord (+ 15 %), qui a retrouvé ses visiteurs après des années difficiles.
L’Europe aussi s’est redressée après une année 2016 marquée par plusieurs attentats terroristes. L’augmentation est de l’ordre de 8 %. En Amérique du Nord, le Canada et le Mexique ont bien fait, mais les États-Unis ont connu un déclin. Pendant le premier trimestre de 2017, les États-Unis ont enregistré une baisse de visiteurs de 4,2 %, selon le département du Commerce des États-Unis.
Chez les voyagistes, beaucoup de ces chiffres se confirment. Cristelle Cormier, directrice des ventes et du marketing chez Tours Chanteclerc, explique. « On a connu une baisse des demandes pour les États-Unis, tant pour les courts séjours que pour les séjours plus longs. Certains croient que les politiques de Trump seraient responsables, mais je crois que le taux de change défavorable a été un élément plus important pour nous. Par contre, on a remarqué une forte demande pour l’Europe, après avoir connu une légère baisse en 2016.
« Les destinations européennes très prisées en 2017 ont été le Royaume-Uni, la Grèce, mais surtout le Portugal, pour laquelle on a dû rajouter des départs supplémentaires tant la demande était forte. »
– Cristelle Cormier
Les chiffres de l’OMT ne surprennent pas Alain Adrien Grenier, professeur au département d’études urbaines et touristiques à l’ESG-UQAM. « Depuis les années 40, le tourisme est toujours en croissance, sauf en cas de crise mondiale ou d’épidémie comme la grippe aviaire. Depuis les années 90, de nouveaux marchés qui étaient fermés sont aussi entrés dans la valse : la Russie, la Chine… »
Son collègue Bruno Sarrasin ajoute : « Les chiffres de l’OMT sont toujours à prendre avec des pincettes, car l’Organisation se fie aux statistiques des pays, et la crédibilité de ces pays est inégale. Une chose est sûre, toutefois, c’est le rôle de la Chine dans ces statistiques. Depuis 10 ans, les Chinois bougent plus et dopent les statistiques, en particulier chez leurs voisins asiatiques. »
Toujours selon l’OMT, les dépenses pour le tourisme international ont augmenté de 19 % en Chine cette année. La plus forte hausse du globe…