Le ministre zambien des Affaires étrangères Harry Kalaba a rendu sa démission ce mercredi en protestation à l’incapacité du régime de mettre fin à la corruption dans le pays. La corruption est certes ambiante depuis des années mais pour certains observateurs, cette décision du chef de la diplomatie n’est qu’une manœuvre visant à lui permettre de se préparer en vue des prochaines élections présidentielles lors desquelles on prête l’intention au président Edgar Lungu de se présenter pour un troisième mandat.
C’est un coup dur pour le président Edgar Lungu qui a fait de la lutte contre la corruption en Zambie, l’un de ses chevaux de bataille. Le ministre des Affaires étrangères Harry Kabala a déposé sa démission ce mercredi selon les médias du pays afin de dénoncer ce qu’il a appelé, “la persistance d’une corruption croissante” au sein du gouvernement. Officiellement, la démission n’a pas été actée mais plusieurs de ses proches ont confirmé la démission d’autant que circulent sur les réseaux sociaux et la presse locale les raisons qu’il a invoqué dans un message et qu’a rapporté l’AFP.
« Nous ne pouvons pas continuer de gérer les affaires du pays avec indifférence quand le niveau de corruption enfle, pratiquée par ceux-là mêmes qui devraient la combattre ».
L’accusation est à peine voilée mais elle vise le président Edgar Lungu et son gouvernement qui font régulièrement la une dans la presse locale pour des suspicions de corruption. Classé 87e sur 176 pays selon la dernière édition de l’index de perception de la corruption qu’établit annuellement Transparency international, la Zambie peine à faire face à ce fléau auquel l’actuel président s’est engagé à combattre à travers des méthodes qui peuvent parfois prêter à critiques. Cependant, l’implication de plusieurs de ses proches dans différents scandales sur lesquels la justice zambienne mène des enquêtes a réduit les marges de manœuvres d’Edgar Lungu qui semble dépassé par l’ampleur du phénomène. En décembre dernier par exemple, il a publiquement reconnu que quel que soient les accusations visant des personnalités ou les changements que cela pourrait introduire, les pratiques de corruption continueront puisque le mal est assez profond et c’est tout le système qu’il convient de changer.
Stratégie électorale
La démission du chef de la diplomatie va donc amplifier les accusations de corruption sur le régime d’Edgar Lungu. Toutefois, pour certains analystes, ce coup d’éclat pourrait s’avérer comme une manœuvre électorale pour Harry Kabala pour se démarquer de l’actuel président en prélude aux prochaines élections de 2021. Jusque-là, il était en effet au cœur du système et a été un temps présenté comme le dauphin du président Lungu qui est à son second et dernier mandat selon la Constitution.
Cependant, depuis qu’on prête au chef de l’Etat l’intention de procéder à une modification constitutionnelle pour briguer un troisième mandat, des déchirures sont apparues dans son propre camp. La décision de Harry Kabala, qui a été lui-même cité dans plusieurs affaires, peut lui servir d’argument pour espérer se dédouaner du bilan d’Edgar Lungu et mieux se préparer aux prochaines élections à condition que les casseroles qu’il traine ne lui barrent pas le chemin, surtout avec cette décision qui sonne comme une défiance à l’égard du chef de l’Etat.
Avec latribuneafrique