Le Banque mondiale a récemment dévoilé son rapport annuel Doing Business. Pour sa 15e édition, le rapport étudie les réglementations qui renforcent l’activité des entreprises et celles qui la contraignent dans 190 pays. Ces réglementations incluent le démarrage d’une entreprise, l’obtention de permis de construire, la disponibilité de l’électricité, l’enregistrement de la propriété, l’obtention de crédit, la protection des investisseurs minoritaires, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier, l’exécution des contrats et l’insolvabilité.
Comme cela a été le cas ces dernières années, les pays africains figuraient parmi les pays les plus innovants. Le Nigeria, Djibouti, la Zambie et le Malawi figuraient parmi les 10 meilleurs réformateurs de l’édition de cette année. Le Nigéria (la plus grande économie d’Afrique, mais actuellement confrontée à de forts vents contraires) a grimpé de 24 places pour atteindre la 145e position, ce qui en fait par défaut un cas à étudier pour cette année.
Pourquoi les classements Doing Business sont-ils importants?
Comme la plupart des autres indices, les indicateurs Doing Business ne sont pas complets et ont leurs propres limites. Une question importante à se poser est donc: pourquoi les pays en développement, en particulier les pays africains, y accordent-ils autant d’attention? Le premier et le plus important est le consensus universel selon lequel le développement du secteur privé et, par extension, la croissance tirée par le secteur privé constituent la solution la plus durable aux problèmes de développement de l’Afrique. Les indicateurs Doing Business, en l’absence d’autres indicateurs plus robustes, fournissent en effet une fenêtre à travers laquelle les investisseurs étrangers évaluent s’il est facile de mener des activités commerciales dans un pays précis. Ceci est encore plus pertinent pour certains pays africains, pour lesquels il n’existe peut-être pas d’informations facilement disponibles sur l’activité du secteur privé.
Les classements de cette année pour les pays africains sont-ils différents de ceux des années précédentes?
Tout d’abord, il est important de mentionner que 264 réformes ont été mises en œuvre dans 190 pays cette année, dont environ 83 ont été mises en œuvre en Afrique — plus d’un tiers du total.
Maurice était à nouveau le pays africain le mieux classé, suivi par le Rwanda puis le Maroc. Dans l’ensemble, les 10 premières économies africaines les mieux classées dans les classements ont été les mêmes au fil des ans. En plus de ceux énumérés ci-dessus, il faut également inclure des pays comme le Botswana, l’Afrique du Sud, la Zambie, les Seychelles, le Lesotho, la Namibie et la Tanzanie. Ces principaux réformateurs africains ont tous en commun d’être anglophones et situés en Afrique orientale et australe. Ils font donc partie du Marché commun des États d’Afrique orientale et australe (COMESA).
Il est important de noter ici que le Kenya a fait d’importantes percées au cours des trois dernières années. Après s’être déplacé de plus de 30 places pour finalement atteindre la 92e place en 2016, le Kenya a été désigné comme le second pays, sur les 190, avec le plus grand nombre de réformes. Cette année, le Kenya a grimpé de 12 places supplémentaires et a atteint la 80e position, devenant ainsi le quatrième pays du classement africain. Il prend au Botswana sa position habituelle.
La principale caractéristique du classement de cette année tient au fait que la plus grande économie de l’Afrique (le Nigéria) figure parmi les dix premiers acteurs mondiaux et a grimpé de 24 places, pour atteindre la 145e place. Bien que ce soit une réelle réussite, il convient de noter que ce n’est pas le meilleur classement du Nigeria dans les indicateurs Doing Business; Le Nigéria était 109e sur 188 pays en 2009. La particularité de ce classement est qu’il a été réalisé malgré la récession économique et un environnement majoritairement morose. Le Nigeria a été en mesure d’atteindre de tels résultats en raison d’une volonté politique forte. En 2016, le gouvernement du Nigeria a créé le Conseil Présidentiel pour l’Environnement des Entreprises (PEBEC), présidé par le vice-président.
Quelles leçons peuvent être tirées des meilleurs joueurs d’Afrique?
La première et la plus importante leçon tient au fait qu’il faut réaliser des réformes majeure. La volonté politique est la clé. Le PEBEC du Nigeria avait des objectifs clairs et était dirigé par le vice-président, qui était président intérimaire pendant certaines parties de l’année. Le PEBEC a lancé deux plans d’action de 60 jours en avril et en septembre 2017. Et en mai 2017, le gouvernement a publié un décret visant à promouvoir la transparence dans l’environnement des affaires. Les gouvernements du Rwanda, du Maroc, du Botswana et du Kenya défendent également les réformes commerciales à un très haut niveau.
Deuxièmement, la qualité des institutions est essentielle. Les pays les plus performants d’Afrique ont des scores très élevés en matière d’évaluation des politiques et des institutions nationales (CPIA) et d’indice Ibrahim de la gouvernance. Le Botswana, la Namibie, le Rwanda, les Seychelles, la Tanzanie et Maurice obtiennent tous de très bons résultats dans les indices ci-dessus. En fait, les résultats indiquent une forte corrélation entre l’indice CPIA, l’indice Ibrahim et les indicateurs Doing Business.
Troisièmement, les plus performants sont ceux qui se vendent bien. Entre le 28 mai et le 15 juillet 2016, le Kenya a accueilli les présidents et premiers ministres de Corée du Sud, de Turquie, d’Ethiopie, d’Israël et d’Inde pour des visites bilatérales. Le Kenya a également accueilli le 14e Sommet de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et la 6e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VI), avec la participation de plus de 35 chefs d’État. En outre, le Kenya a accueilli le 6e Sommet mondial sur l’entrepreneuriat (GES) en juillet 2015 et le 10e Sommet des Ministres du commerce de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2015.
Ainsi, pour les pays d’Afrique qui n’ont pas obtenu de bons résultats dans le classement Doing Business de cette année ou pour ceux qui n’ont jamais obtenu de bons résultats, il y a des leçons à tirer des meilleurs résultats.
Avec weforum