Les femmes qui réussissent dans les affaires ont aussi envie de défendre leurs valeurs, et agissent pour cela. C’est l’un des thèmes abordés mercredi par plusieurs d’entre elles, réunies à la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur à Paris.
S’ils avaient été présents, Serge Lama aurait pu entonner Femme, femme, femme ou Julien Clerc susurrerFemmes, je vous aime: la 9e “Matinale Eco” de la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur (MNCA), mercredi 28 octobre, était entièrement consacrée aux femmes et à leur réussite dans le monde économique.
“Capital féminin, innovation et compétitivité: quels enjeux dans l’environnement économique de notre territoire?”était le thème de cette rencontre organisée en partenariat avec FranceSoir (et à suivre sur Twitter).
Chaque mois cette antenne parisienne, ouverte fin novembre 2014 par Christian Estrosi, maire de Nice et président de la MNCA, réunit, à l’initiative de sa directrice Virginie Atlan, des chefs d’entreprises, décideurs, experts, innovateurs, fondateurs de start-up, responsables de collectivités locales, d’entreprises privées ou publiques, d’associations, principalement dans le domaine du numérique et des nouvelles technologies.
“Il est aujourd’hui indispensable de pouvoir s’appuyer sur l’ensemble du potentiel de notre capital humain et tout particulièrement de notre capital féminin”, selon Virginie Atlan. “Le capital féminin est une opportunité de diversité des compétences et de multiplication des chances d’innover pour réussir ensemble les mutations futures vers une croissance durable et une compétitivité qualitative”.
Nathalie Boyer, déléguée générale de l’association Orée, qui co-animait cette matinale avec elle, a souligné que“ces femmes que nous croisons ont réussi leurs vies professionnelles et ont souvent décidé d’ajouter une dimension supplémentaire à leur carrière: transmettre, former, aider, par exemple à travers la création de fondations ou en se réorientant vers des carrières dans le développement durable pour faire rimer l’économique avec l’environnemental et le sociétal, et être plus en harmonie avec leurs valeurs et leurs territoires”.
La première intervenante, Salima Saa, directrice commerciale déléguée de Veolia Eau France et Secrétaire nationale du parti Les Républicains en charge de l’apprentissage, a rappelé que “l’eau, c’est la vie” et a affirmé que pour ceux qui s’y consacrent à Veolia, “c’est plus qu’un métier, c’est une passion”. Mais elle-même se passionne aussi pour l’emploi des jeunes (elle a présidé l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances de 2011 à 2012) et se dit favorable à des quotas de femmes non seulement dans les conseils d’administration des grandes entreprises mais aussi, au niveau inférieur, dans les comités exécutifs, afin que davantage de femmes aient accès aux postes de direction.
Isabelle Weill, qui avait participé à la création du groupe NextRadioTV (propriétaire de RMC et de BFMTV notamment) avec son ex-mari Alain Weill, est aujourd’hui directrice générale de News Participation et présidente del’Association RMC/BFM, qui oeuvre depuis une dizaine d’années pour limiter la mortalité due aux arrêts cardiaques. Grâce à l’action de son association, qui sensibilise sur les gestes des premiers secours et l’utilisation des défibrillateurs, le pourcentage des personnes sauvées en France est passé de 2% à 6%, notamment grâce à son application Staying Alive: téléchargée 600.000 fois, en 13 langues, elle localise les défibrillateurs et rappelle les gestes qui sauvent. Pour l’anecdote -mais à prendre au sérieux-, le rythme des massages cardiaques pour tenter de ranimer une personne est le même que celui du refrain de Staying Alive, la chanson des Bee Gees.
Floriane Lisowski, artiste plasticienne et animatrice d’émissions de télévision sur l’environnement, les animaux et les voyages, estime que “l’art est un message”. Elle veut donc que ses oeuvres, tableaux et sculptures, servent à“sensibiliser sur l’importance et l’urgence de réagir au plus vite concernant le réchauffement climatique”, une cause qui lui est chère et à laquelle elle a été sensibilisée il y a huit ans, lors d’un voyage en Patagonie où elle a vu de près la fonte de la banquise et les menaces pour la survie des manchots. Spécialisée dans les sculptures d’animaux hybrides, elle vient de réaliser une sculpture de pingouin femelle, avec des seins de femme, dont les pieds sont en train de fondre: un symbole fort qui sera exposé à la prochaine COP21, la conférence mondiale sur le climat qui se tiendra à Paris.
Polytechnicienne et ingénieur, Laurence Grand-Clément est une sportive accomplie: elle a battu en juillet 2012, avec une autre Française, le record de la traversée de l’océan Indien à la rame et en binôme. Elle a créé la start-upPersEE qui propose des solutions et des innovations dans le secteur de l’énergie et s’est associée à l’Observatoire de l’énergie. Dans cette industrie qui reste très masculine, il n’y a pas de modèle de réussite féminine et “les femmes, en tant qu’+outsider+, ne peuvent progresser par simple mimétisme”, elles ont donc plus de libertés pour créer de nouveaux modèles et faire avancer les choses, soit en tant qu’entrepreneurs (les start-up sont un moteur d’innovation pour les grands groupes), soit en tant que catalyseurs de changements et d’innovations au sein d’entreprises établies.
Elisa Cohen, elle aussi sportive accomplie et créatrice de l’enseigne Soleil Sucré qui a démocratisé la lingerie il y a une quinzaine d’années (150 magasins en France), n’avait “pas envie de seulement faire des soutiens-gorge et des petites culottes”. Elle a donc créé deux start-up: Happy Fit, qui prodigue des conseils pour garder la forme et se donne comme objectif de “ré-enchanter le quotidien” par des activités (et des vêtements) de sport non contraignantes; et LifeConnected, un projet ambitieux pour favoriser la prévention du cancer du sein. Elisa Cohen s’est associée à des scientifiques et des responsables de la santé pour créer un soutien-gorge, sexy et féminin mais doté de capteurs capables de déceler des changements, et qui inciteraient ainsi les femmes -qui pourraient le porter de temps en temps- à aller consulter.
Claire Peradotto, PDG de l’agence de communication visuelle Peradotto qu’avait créée son père et qui fabrique notamment des enseignes et des éléments de signalétique, a lancé un site, Ren, proposant de fabriquer des visuels illustrant et défendant les valeurs que chacun porte en soi. Car elle pense qu’“on peut être dans les bonnes pratiques et vouloir réussir”, défendre ses valeurs et gagner de l’argent -les deux objectifs ne sont ni incompatibles ni opposés. C’est valable quel que soit le sexe, mais “nous les femmes, nous nous mettons nous-mêmes nos propres barrières”. C’est donc aux femmes d’agir elles-mêmes pour obtenir une plus grande place dans le monde économique comme dans la sphère privée, a-t-elle dit, concluant par un jolie citation de Gandhi cette matinale 100% féminine: “Il faut être le changement qu’on veut voir dans le monde”.
avec francesoir