Avec un taux de croissance annuel moyen de 9 % sur les cinq dernières années, la Côte d’Ivoire est désormais une destination d’affaires incontournable. Prochaine étape : devenir une destination touristique de premier ordre.
De 0,6 % de contribution au PIB en 2012, le secteur touristique est passé à 4,8 % en 2015 et même 7,5 % en 2016. L’année dernière, le tourisme a apporté 1 549,9 milliards de F CFA (2,3 milliards d’euros), un niveau jamais atteint et bien supérieur à celui de 2015 (836 milliards de F CFA). Spectaculaire, ce bond n’est cependant pas près de s’arrêter. La contribution du tourisme au PIB national devrait connaître une hausse d’environ 5,6 % par an en moyenne jusqu’en 2026.
Si le terrorisme a occasionné une baisse de l’activité touristique en 2016, la tendance devrait s’inverser et progresser de 2,6 % par an entre 2017 et 2026. Sur cette période, plus de 129 000 emplois directs devraient être créés dans le secteur.
Le développement du tourisme en Côte d’Ivoire n’avait pourtant rien d’évident au lendemain de la crise postélectorale de 2010. « Stratégiquement, il fallait repositionner le pays. En dix ans, notre destination s’est tuée pratiquement. Plus personne ne voulait venir ici. Notre travail, c’[était] de nettoyer cette image négative du pays », avait déclaré le directeur de l’Office du tourisme l’année dernière.
Objectifs ambitieux
La Côte d’Ivoire peut maintenant se permettre des objectifs ambitieux en matière de tourisme. « L’Afrique sera la plus grande destination du monde dans 10 ans », s’enthousiasmait Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire de l’Union africaine en charge de l’agriculture et du développement rural, lors du dernier sommet UA-UE. A cette occasion, elle avait rappelé que « la croissance et l’emploi des jeunes sont nos préoccupations ». Or, « dans l’Agenda 2063 et sur le plan économique, l’UA considère que le tourisme et la transformation agricole jouent un rôle majeur dans le développement », avait-elle ajouté.
A la veille de l’ouverture du sommet, le premier vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (Ccci-CI), Parfait Kouassi, avait pour sa part insisté sur la nécessité de promouvoir le tourisme et l’hôtellerie, deux facteurs « primordiaux » pour le développement. Il a ainsi annoncé la création par la Chambre d’un programme de formation et d’appui à l’endroit des petites sociétés afin de mener à bien des projets bancables de développement. Il a également rappelé les actions prises par la Chambre pour promouvoir l’activité touristique, dont le Diagnostic formation et initiation en anglais (Dfi) ou encore le réseau des auberges.
Les ambitions de la Côte d’Ivoire sont par ailleurs connues et soutenues par les investisseurs étrangers. Du 18 au 21 décembre, une délégation chinoise a effectué une mission de prospection dans le pays afin de découvrir de près les projets d’infrastructures dans différents secteurs, notamment le tourisme.
« Très impressionnés »
Les groupes China Airport Construction Group Corporation (CAAC), Yunnan Construction and Investment Holding (YCIH) ou encore la société Worldwide Investment Limited ont manifesté leur intérêt pour les projets du ministère du Tourisme. Ils ont présenté différents modèles de financement qui devront être étudiés en fonction des projets.
« La délégation a été très impressionné par la Côte d’Ivoire et sa vitesse de développement dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Elle soutient que son potentiel est indéniable et que le pays a besoin d’être accompagné afin de pouvoir suivre le rythme de développement », rapporte Abidjan.net.
Le pays a également eu l’occasion de déployer sa stratégie d’éco-diplomatie à Ankara lors de la première édition des journées de promotion des potentialités économiques, commerciales et touristiques de la Côte d’Ivoire. Le ministère du Plan et du Développement a profité de l’occasion pour présenter les potentialités touristiques ainsi que les opportunités d’investissement en Côte d’Ivoire. Les hommes d’affaires turcs n’ont quant à eux « pas manqué d’exprimer leur satisfaction et surtout leur volonté de découvrir la Côte d’Ivoire assez rapidement », affirme Abidjan.net.
Outil économique et diplomatique, le secteur touristique est appelé à jouer un rôle majeur dans la stratégie de la Côte d’Ivoire, qui actionne tous les leviers pour atteindre l’émergence à l’horizon 2020.