Six jours après la décision de suspendre les vols émiratis aux ressortissantes tunisiennes, la tension est toujours vive entre les deux pays. Si le langage diplomatique demeure aseptisé, les actions de la société civile et des partis politiques, elles, ne faiblissent pas.
Officiellement, Tunisiens et Émiratis refusent de parler de « crise diplomatique ». Mais les faits montrent que la brouille est bien installée. Au sixième jour de son déclenchement, les vols Emirates sont toujours suspendus par les autorités tunisiennes. Une suspension qui prouve que, pour l’instant, les deux pays sont dans l’incapacité de trouver une solution. Pour suivre l’affaire, une cellule de crise conjointe a été créée au sein du ministère des Transports, composée de représentants du ministère des Affaires Étrangères, du ministère de l’Intérieur, de l’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports et des représentants de la compagnie aérienne « Emirates Airlines ».
Radhouane Ayara, ministre des Transports tunisien, a assuré ce jeudi 28 décembre sur les ondes de la radio ShmesFm, que les négociations avec la partie émiratie n’ont actuellement rien donné. Un nouveau round de discussions est programmé pour la semaine prochaine. S’il ne donne aucun résultat, le département des Transports, en concertation avec la diplomatie tunisienne, serait prêt à prendre de nouvelles mesures à l’encontre de la compagnie émiratie.
Lundi 25 décembre, le ministre des Affaires Étrangères Khemais Jhinaoui avait déclaré à la même chaîne radio que les émiratis l’avaient contacté et présenté des excuses. Néanmoins, il assure avoir demandé des excuses publiques, qui n’ont pour l’instant pas eu lieu.
Des passagères portent plainte
Trois femmes qui ont été empêchées de monter sur leur vol à destination des Émirats arabes unis ont décidé de porter plainte contre la compagnie aérienne Emirates, comme le rapporte Tunis Afrique Presse (TAP), l’agence de presse officielle. L’une d’entre elle, Boutheina Chihi Ezzine, a refusé d’embarquer à bord de l’avion Emirates lorsque l’interdiction a été levée. À la place, elle a décidé de recourir directement à la justice et réclame aujourd’hui des excuses officielles.
Elle a notamment appelé les autres tunisiennes victimes de cette interdiction à faire de même, de manière à déposer une plainte collective contre la compagnie arienne. L’objectif est également de pouvoir demander une réparation du préjudice et de l’humiliation publique qu’elles ont subie.
L’association Calam a également fait savoir sur les ondes de Jawhara FM, mardi 26 décembre, qu’elle allait elle aussi porter plainte contre cette compagnie aérienne, pour discrimination fondée sur le sexe. Elle a notamment lancé un appel à toutes les femmes victimes de cette discrimination à contacter l’association.
Une cellule d’assistance pour les tunisiens aux EAU
Suite au désordre engendré par cette crise aérienne, le consulat de Tunisie à Dubaï a annoncé sur sa page officielle Facebook, qu’une cellule avait été créée, pour suivre les situations des passagers tunisiens qui devaient embarquer via l’aéroport de Dubaï.
Le consulat a également mis à la disposition des Tunisiens un numéro à contacter pour toute éventuelle information.
Sur la page Facebook du consulat, un tunisien a interpellé les autorités tunisiennes sur sa situation. Avec sa femme, il comptait se rendre en Tunisie le 2 janvier 2018 à bord d’un vol Emirates. « Les vols sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, vous pouvez voir une autre compagnie en espérant que le problème sera résolu avant votre voyage », lui a répondu le consulat.
En résumé, rien n’indique une sortie de crise dans l’immédiat…
Avec jeuneafrique