« Je vais tout faire pour être à la hauteur. » Face à ses innombrables détracteurs, le très controversé Issa Hayatou donne le ton et rassure sur l’antenne de RFI à la veille de sa nomination comme président intérimaire de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Une nomination qui suit la suspension provisoire de 90 jours de Joseph « Sepp » Blatter, à la tête de la fédération depuis 1998.
Depuis presque trente ans, ce camerounais de 69 ans règne en maître absolu sur le football africain, et aujourd’hui sur l’ensemble de la scène footballistique mondiale. Malgré son succès, très peu connaissent le parcours de Issa Hayatou, ce « prince » africain né à 5 000 km de la Suisse, épicentre du football international.
Issa Hayatou, le prince camerounais
Issa Hayatou n’est pas un inconnu dans son pays natal. Né le 9 août 1946 dans la ville camerounaise de Garoua, il appartient à la grande famille Hayatou, une famille très influente dans le nord du Cameroun qui compte plusieurs figures emblématiques de la scène politique comme Amadou Hayatou (ancien secrétaire général de l’Assemblée nationale), Sadou Hayatou (Premier Ministre du pays du 26 avril 1991 au 9 avril 1992) ou encore Alim Hayatou (Secrétaire d’État à la Santé). Très jeune, Issa Hayatou est prédestiné à prendre les rênes des responsabilités politiques, ce qui dérangera plus d’un : « Jamais il n’a eu à se battre », confie l’un de ses amis. Mais voilà, après l’obtention de son bac, Issa Hayatou décide de rompre avec la tradition familiale et suivre un parcours sportif à la grande surprise de ses parents.
« Ça a été un scandale dans la famille. Je voulais faire du sport, c’était ma passion », avoue-t-il.
Entre 1964 et 1967, il se consacre aux 400 et 800 mètres avant d’être sélectionné dans l’équipe camerounaise d’athlétisme. Il quitte ensuite l’athlétisme pour s’essayer au basket-ball, où il sera ensuite sélectionné dans l’équipe nationale de son pays avec laquelle il participe aux premiers jeux d’Afrique qui ont lieu à Brazzaville.$
À 28 ans, alors qu’il n’exerce que la fonction de professeur d’éducation physique et sportive au lycée Leclerc de Yaoundé, il est catapulté à la tête de la Fédération camerounaise de football. Malgré le fait qu’il soit un bon coureur de demi-fond et un basketteur de bon niveau, beaucoup estiment que le népotisme est à la source de cette nomination qui ne laisse personne indifférent. Quelques années plus tard, Issa Hayatou devient directeur des Sports au ministère de la Jeunesse et des Sports. C’est à partir de ce moment qu’il va commencer à prendre des responsabilités dans le milieu sportif.
Issa Hayatou à la tête de la CAF
En août 1987, il est nommé à la tête de la Confédération africaine de football (CAF) prenant tout le monde à contre-pied. Trois ans plus tard, il est nominé comme membre du Comité Exécutif de la fédération internationale de football association. Comme à Garoua, sa ville natale, on ne succède au chef du village que lorsque ce dernier rend l’âme, de même, semble-t-il, que pour son mandat. D’ailleurs, personne ne sait vraiment quand Issa Hayatou va partir. Selon un haut dirigeant du football mondial, et aussi un grand connaisseur du football africain, « Hayatou se comporte en chef de village » à la tête de la CAF.
Mais malgré les critiques, et les polémiques qui l’entourent, comme celle avec l’équipe du Togo en janvier 2010 (lorsque le bus de la sélection togolaise est tombé dans une embuscade), les scandales de corruption ou encore la polémique lors de la finale de la Champions League Africaine 2010, on lui reconnaît des avancées majeures dans le football africain comme son obtention de cinq places au lieu de deux pour les pays de sa confédération au tournoi final de la Coupe du monde de football. Il s’est aussi battu pour que l’organisation de la première coupe du monde en Afrique.