«Il faut relever, pour s’en inquiéter, le spectre d’une sévère famine qui plane actuellement sur la partie septentrionale du Cameroun, du fait de la faible pluviométrie et des activités champêtres perturbées, hélas par l’insécurité provoquée par la nébuleuse Boko Haram. Il est donc urgent que des mesures appropriées soient prises, afin que les familles concernées ne sombrent point dans une crise alimentaire sans précédent.» Ainsi s’est exprimé le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril, le 14 novembre 2017 à Yaoundé, à l’ouverture de la session budgétaire.
A la suite de cette inquiétude exprimée par le président de l’Assemblée nationale, apprend-on, un tour dans les marchés de la ville de Maroua, le 26 décembre 2017, a permis d’observer qu’il faut désormais débourser entre 30 et 35 000 francs Cfa, pour se procurer un sac de mil, qui était cédé entre 16 et 18 000 francs Cfa à la même période l’année dernière, rapporte le trihebdomadaire régional l’œil du Sahel.
Dans le même temps, apprend-on, il faut compter entre 20 et 22 000 francs Cfa pour se procurer un sac de maïs dans les villes de Maroua, Kaïkaï, Maga et Yagoua ; puis environ 28 000 francs Cfa pour l’achat d’un sac de sorgho. Ces prix sont également en augmentation sensible, selon les sources locales.
A l’origine de ce renchérissement des prix des céréales, aliments de base des populations des trois régions septentrionales du Cameroun, les agriculteurs et les experts des questions agricoles indexent principalement la pluviométrie.
En effet, selon les données officielles, la région de l’Extrême-Nord a enregistré 516 mm de précipitations en 2017, contre 606 mm en 2016.
A cause de cette réalité climatique, soutiennent divers experts, il n’a pas été possible pour cette région d’atteindre la production céréalière d’environ 1,210 million de tonnes projetée au cours de la campagne 2016-2017 (contre 700 000 tonnes en 2015-2016), par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Au demeurant, la baisse de la production agricole dans l’Extrême-Nord n’est pas seulement la conséquence d’une météo capricieuse. Depuis 2013, cette partie du Cameroun fait face aux attaques de la secte islamiste nigériane Boko Haram. Ce phénomène a deux principaux impacts sur les activités agro-pastorales. D’abord, fuyant l’insécurité, plusieurs agriculteurs ont déserté leurs villages, abandonnant les champs.
Ensuite, les exactions de Boko Haram au Nigeria ont provoqué des arrivées massives de réfugiés dans la partie septentrionale du Cameroun.
Ces centaines de milliers de réfugiés sont nourris par le Programme alimentaire mondial (PAM), qui s’approvisionne localement en céréales, exerçant ainsi une pression sur une production déjà insuffisante.
Avec investiraucameroun