La rencontre entre Alpha Condé et Sidya Touré, l’un de ses contestataires alimente la chronique dans la cité. Certains observateurs pensent que c’est le masque qui serait tombé sur les rapports qu’entretenaient depuis un bon moment les deux personnalités. Et que Sidya Touré n’aura fait que rouler ses pairs de l’opposition dans la farine, en les amenant à participer à un scrutin dont les jeux étaient déjà faits d’avance.
Le président Alpha Condé a reçu en audience dans la soirée du vendredi dernier au Palais Sékhoutouréya, le leader de l’Union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré pour des échanges ayant porté essentiellement sur la situation sociopolitique du pays.
Pendant plus d’une heure, le président Alpha Condé et le leader de l’UFR ont fait un état des lieux de l’avant et après élection.
Sidya Touré au sortir de cette audience, a déclaré à la presse être « venu à l’invitation de M. le Président Condé, le voir, le saluer et discuter avec lui de la situation sociopolitique du pays. »
Et dans la même lancée, le président de l’UFR a estimé que « le plus important aujourd’hui, c’est la Guinée. Et quand il y a une opportunité pour échanger avec le chef de l’Etat sur cette situation, je ne peux pas me dérober à cela », a-t-il souligné.
« Nous avons fait le tour des questions qui nous préoccupent à l’heure actuelle et je pense que cela permettra de faire avancer les choses dans le bon sens », a conclu Sidya Touré.
De quoi rassurer certains sceptiques qui pensaient à un basculement de la situation au lendemain de la proclamation des résultats provisoires du vote par la Commission électorale nationale indépendante. Une institution trop décriée pour la qualité scrutin, qui à en croire des observateurs comportait de « nombreuses irrégularités. »
Avec cette rencontre entre le vainqueur de la présidentielle et Sidya Touré, leader de la troisième force politique, il faut s’attendre à ce que l’atmosphère politique se détende.
Quand on sait que Sidya Touré arrivé troisième à cette élection d’après les résultats provisoires proclamés par la CENI, avec 237 549 électeurs, soit 6,01% des suffrages exprimés, avait été très critique à l’endroit du gouvernement et de l’institution chargée d’organiser les élections en Guinée. Il a d’ailleurs été le premier a annoncé son retrait du processus électoral, avant même que les décomptes des voix n’arrivent à terme.
Tout en menaçant de ne pas reconnaître les résultats du vote. A travers ces propos tenus par le président de l’UFR au sortir de son audience avec Alpha Condé ce vendredi, il ya lieu d’espérer que la tension provoquée par la présidentielle a baissé.
Certains observateurs ont même commencé à spéculer sur une probable nomination de Sidya Touré, au poste de Premier ministre. Selon eux, des pourparlers seraient en cours dans ce sens.
Dans certains milieux de l’opposition on commence à jeter la pierre au président de l’UFR, perçu comme étant une sorte de Judas Iscariote. C’est comme si on voudrait lui faire endosser la responsabilité de l’échec de l’opposition lors de la présidentielle du 11 octobre. Quand on sait que M. Touré s’était opposé au boycott dès le départ, malgré les couacs qui avaient été relevés par les acteurs politiques eux-mêmes dans l’organisation du vote. Et ce virage à 180 degrés qu’il vient d’amorcer suite à sa rencontre avec Alpha, alors qu’il avait été le premier à se retirer du processus électoral, après son fiasco électoral ne peut que conforter la position de ceux qui ont toujours douté de la démarche du président de l’UFR au sein de l’opposition. A sa décharge, il se dit que c’est le président Ouattara de Côte d’Ivoire, dont il fut le directeur de cabinet, qui aurait joué les bons offices entre lui et Alpha Condé.
avec actucanakry