La signature de l’accord sur l’Open Sky, le 11 décembre dernier, a déchaîné la colère des syndicats de Tunisair. Ces derniers craignent que cet accord soit préjudiciable pour leur compagnie aérienne, alors que les derniers résultats financiers du groupe laissent craindre ce scénario.
La bourse de Tunis vient de publier les états financiers du groupe Tunisair pour l’exercice 2016. Ceux-ci font état d’une situation assez alarmante : les pertes de la compagnie aérienne nationale ont plus que doublé en l’espace d’un an, puisqu’elles sont passées de -69,8 millions de dinars à -174,5 millions de dinars entre 2015 et 2016. Le groupe quant à lui essuie une perte nette de 196,6 millions de dinars.
Bien que les revenus du groupe aient enregistré une augmentation de 18% par rapport à l’exercice précédent, cette performance a été neutralisée par une augmentation importante des charges d’exploitation (+16,4%). A elles seules, les charges de personnel ont augmenté de 8,3% pour atteindre 353 millions de dinars. Le groupe affiche désormais des charges d’exploitation de 1 323,8 millions de dinars pour un produit d’exploitation de 1 193,5 millions de dinars.
Le plan de redressement de la société mère, adopté en décembre 2012, n’a vraisemblablement pas porté ses fruits. Sans doute qu’il n’avait pas pris la pleine mesure des nombreuses difficultés qui entravent les activités de cette institution, jadis fleuron de l’économie tunisienne. Manque de productivité, masse salariale disproportionnée, détérioration de la qualité du service, corruption… Tunisair est un vrai chantier et aucun des ministres du Transport qui se sont succédé depuis la «révolution du Jasmin» n’a été capable de s’attaquer frontalement à la situation de la compagnie.
Les états financiers du groupe indiquent des problèmes structurels : «S’agissant des autres sociétés du groupe, leurs situations financières ne sont plus stables et leurs états financiers dégagent des pertes importantes. Cette situation n’est pas de nature à assurer et maîtriser la continuité des activités du groupe Tunisair fortement dépendantes».
Les cas de Tunisair Technics et de Tunisair Handling sont les plus saisissants : les charges du personnel de ces deux filiales sont beaucoup plus importantes que leurs revenus. Tunisair Technics comptabilise 42 millions de dinars de charges de personnel pour un revenu de 3,6 millions de dinars. Tandis que Tunisair Handling supporte des charges de personnel de 72,3 millions de dinars pour un revenu de 53,7 millions de dinars.
Le rapport financier du groupe précise qu’un nouveau plan de redressement pour la période 2017-2020 est en cours de préparation, celui-ci devant inclure les filiales du groupe.
La survie de Tunisair va désormais dépendre de l’efficacité et la mise en application de ce nouveau plan de redressement, particulièrement après l’annonce de la signature de l’accord sur l’Open Sky avec l’Union européenne. Face à l’agressivité des compagnies charters et au vu de l’état de ses finances, Tunisair ne pourra certainement pas gagner sur le terrain de la compétitivité sur les prix et devra donc se positionner sur la qualité de service. L’exercice 2018 s’annonce décisif pour le management de la compagnie
Avec latribuneafrique