Depuis l’intervention militaire russe en Syrie, les analystes occidentaux ne perdent pas une seule occasion pour souligner « les divergences occultes qui diviseraient Iraniens et Russes et que les deux parties auraient relégué au second plan en attendant les jours qui chantent ». National Interest croit avoir découvert les racines de ces divergences.
« Les forces aériennes russes, l’armée syrienne et le Hezbollah et la force Qods jouent des rôles différents mais convergents en Syrie. L’un de leurs premiers objectifs consiste à faire face aux rebelles ( ndlr : terrorsites) qui ont repris en 2015 le contrôle de la quasi totalité d’Alep. La reprise d’Alep est une finalité que les Russes ne cachent pas. Ce qui se cache par contre c’est la réalité de la présence des forces militaires iraniennes sur le terrain des combats et des conséquences qu’une telle présence pourrait générer ».
L’article va ensuite plus loin dans la spéculation et écrit : » Cela fait des semaines que l’Iran a envoyé près de 2000 miliciens sur le front de combats en Syrie. Les Iraniens continuent à affirmer qu’en Syrie, il n’existe que des conseillers militaires et non pas des forces terrestres. Rappelons que les Iraniens sont directement impliqués dans le dossier syrien depuis 2011. Les hauts commandants de la force Qod, force d’élite des Pasdarans accompagnés des paramilitaires du Hezbollah, et ceux actifs en Afghanistan et en Irak, ont volé depuis 4 ans au secours des forces syriennes. Il va sans dire que l’Iran et la Russie comptent de la sorte consolider les positions de l’armée assadiste à Alep et ailleurs. Cette présence militaire iranienne en Syrie marque un tournant dans la politique syrienne de Téhéran. Ce tournant, le MAE iranien l’a d’ailleurs mentionné.
Mais pourquoi cette présence militaire directe de Téhéran? » Après avoir posé cette question, National Interest apporte ses réponses:
1- cette présence constitue une évolution historique voire un changement de cap dans la doctrine militaire de l’Iran. Pour la première fois après la fin de la guerre Irak/Iran, la force Qods dont la mission consiste à conseiller, à former et à soutenir par procuration des opérations extraterritoriales, s’est directement engagée en Syrie. Même s’il s’agit d’une nécessité conjoncturelle, cela pourrait être un prélude à une présence militaire désormais directe de l’Iran dans des crises, ce qui ne facilite pas la tache aux adversaires des Iraniens.
2- cette présence pourrait également être un exercice pour la force d’élite des Pasdarans. Les forces du Corps des Gardiens de la Révolution islamique comptent peut-être exercer leurs talents et les mettre à l’épreuve des faits en vue d’autres opérations à venir.
3- cette présence pourrait de même faire écho à une demande à caractère opérationnel et stratégique de la Russie. Sur le plan opérationnel, il se peut que la Russie ait exigé une victoire d’Assad et des pro Assad sur le terrain des combats et ce, en prélude à une victoire des raids aériens de la Russie. En effet la Russie pourrait être tentée de sacrifier Damas ou Assad ou les intérêts émergents de l’Iran au Golan, s’il sent que l’une de ces options est nécessaire à la sauvegarde de sa base maritime à Tartous au large de la Méditerranée. Les Iraniens de leur côté pourraient avoir eu en tête l’idée d’un renforcement de leurs poids dans des négociations à venir. Les Pasdarans sont présents partout. Qui sait où ils envisagent de s’investir, si la bataille d’Alep se poursuit pour plusieurs semaines encore.