Dans la bouillante commune de Yopougon, les maquis et les bistrots occupent désormais, les parkings et les espaces verts. Une situation qui indispose énormément les riverains qui souffrent en silence le martyr.
Flots de décibels, à tout moment de la journée, couloirs inondés d’urines. C’est ainsi que se résume le calvaire de certains habitants de la commune de Yopougon. Ces derniers ont vu les espaces verts de leurs quartiers se transformer progressivement en maquis, buvettes ou encore débits d’alcool frelaté. Mêmes les parkings ne sont pas épargnés par cette occupation anarchique du domaine public.
« Je vis dans ce quartier depuis 1972, mais la situation est devenue très invivable depuis cette dernière décennie. On arrive plus véritablement à se reposer du fait de la nuisance sonore. En fait, nuit et jour nous sommes exposés à de grand bruits des maquis et bars jouxtant nos maisons, c’est vraiment triste », a martelé Toualy Albert, un sexagénaire résidant dans le célèbre quartier de Sicogi.
Tout comme, ce fonctionnaire à la retraite, les riverains constitués en majorité d’élèves et d’étudiants ne savent plus où donner de la tête. Car il n’y a même plus de temps de répit. Le vacarme est tellement devenu le train-train quotidien qu’il n’offusque plus personne.
A Yopougon -Sicogi, dans le secteur communément appelé ‘’Katmandou’’ les parkings sont devenus de véritables lieux de divertissement. A la place des véhicules, ce sont des maquis qui sont érigés à ces endroits. Ils ne désemplissent jamais, et cause d’énormes désagréments aux habitants avec ces puissants baffles qui déversent des torrents de sons sur le quartier. Même en cas de coupures d’électricité, ce maquis qui s’est doté d’un groupe électrogène, ne déroge pas à la « règle ».
« Ce sont les moyens financiers qui nous manquent, c’est pourquoi nous sommes contraints de vivre dans tout ce désordre. Sinon de vous à moi, vivre dans ces conditions indélicates a des retombés néfastes sur l’éducation et même l’avenir de nos enfants », a déploré Agnès Brou, une mère de famille visiblement exténuée par le drame que connaît son quartier.
A cette pollution sonore s’ajoute la dépravation des mœurs. En effet, ces lieux sont le théâtre d’une nouvelle forme de prostitution mettant en scène des filles à peine sorties de la puberté. On les appelle dans le langage populaire ‘’les Kpôclé’’. Ces mineurs souvent sous l’emprise d’alcool et de stupéfiants exercent leur sale besogne au vu et au su de tout le monde.
Le calvaire que vit les résidents de ‘’Katmandou’’, est symptomatique de la situation qui prévaut dans la commune. A quelques encablures de ce secteur, sur le ‘’parking Ruth Tondey’’, du nom de la talentueuse chanteuse ivoirienne disparue il ya quelques années, le constat est encore plus ahurissant. Une constellation de maquis rivalisant de sonorités à la mode trouble la quiétude des populations.
« Quand je reviens des cours, je n’arrive pas à étudier à cause de la musique souvent trop forte. Les nuits, il est pratiquement impossible de fermer les yeux. En tant qu’élève en classe de terminale D, c’est franchement difficile de vivre dans ces conditions. Et cela n’émeut personne », a expliqué Didier Koffi.
Selon les professionnels de la santé, les bruits ont des conséquences néfastes sur l’homme. En effet, les nuisances sonores peuvent affecter la santé et la qualité de vie, avec des conséquences physiques et/ou psychologiques pour les hommes et les femmes qui les subissent.
Elles peuvent provoquer des maux tels que le stress, les troubles du sommeil ou agir sur le système cardio-vasculaire, immunitaire, endocrinien et surtout sur la santé mentale. Les nuisances sonores peuvent avoir des impacts très nocifs pour l’audition, et peuvent aboutir dans les cas les plus graves à la surdité, qui est définitive.
La Sicogi n’est pas le seul quartier qui souffre de cette situation chaotique. Les habitants des quartiers situés dans les environs de l’ex-cinéma ‘’Saguidiba’’ vivent également cette triste réalité. De même que ceux de ‘’Toits rouges’’, où les espaces verts et autres jardins sont devenus la chasse gardée des propriétaires de maquis.
Les plaintes et les différentes pétitions adressées par les riverains aux autorités municipales n’ont jusqu’à présent pas produit l’effet escompté. Cependant, ils gardent tout de même l’espoir de voir les choses bougées dans le bon sens. En effet, le vent de déguerpissement qui a soufflé sur la fameuse ‘’Rue Princesse’’ et qui vient d’emporter la fameuse ‘’Rue des Princes’’ pourrait être une solution à leur problème, comme le souligne ici M. Avit Privat.
« vivement que l’Etat remette à l’ordre du jour, l’opération ‘’Ville propre’’ qui a permis de dégager les trottoirs et les espaces verts. De même, le drame que nous vivons à travers les nuisances sonores et la dépravation des mœurs devrait de plus en plus intéresser les pouvoirs publics ».
avec abidjan911