La conférence de Dakar “Nourrir l’Afrique” a débouché vendredi dernier, au terme de 3 jours de travaux, sur l’adoption d’un programme d’action très concret, dit encore “Plan pour la transformation de l’agriculture africaine” ainsi que de nombreux partenariats. Le cap est net : transformer l’agriculture africaine en une véritable agro-industrie.
“Cette conférence a créé les synergies nécessaires pour des partenariats efficaces qui nous permettent d’atteindre notre objectif de nourrir l’Afrique“, a déclaré le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, lors de la cérémonie de clôture. L’ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria a voulu se montrer très déterminé : “Nous pouvons le faire et nous le ferons ! Nous nourrirons l’Afrique, nous nourrirons le monde“.
Le programme d’action prévoit d’établir un partenariat stratégique avec l’initiative “Nourrir l’avenir” (Feed the Future) du président américain Obama, l’initiative “Grow Africa” du Forum économique mondial, l’organisation “Big Win Philanthropy”, la FAO, l’initiative “Renforcer la Nutrition”, le Programme alimentaire mondial, la Fondation Bill et Melinda Gates, le Groupe mondial sur l’agriculture et les systèmes alimentaires pour la nutrition, ainsi qu’avec le secteur privé en général, en vue de lancer des approches innovantes en matière de lutte contre la malnutrition, souligne le communiqué.
La conférence a également approuvé une liste d’organisations pour mener les initiatives destinées à améliorer la productivité agricole à travers le continent, en étroite collaboration avec la BAD, la Banque mondiale et les partenaires au développement tels que le Forum pour la recherche agricole en Afrique, le Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique et des organismes nationaux de recherche agricole.
Des corridors agricoles
Par ailleurs, la BAD, la Commission de l’Union africaine/le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la Banque mondiale, le Fonds international pour le développement agricole et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel collaboreront de près avec d’autres partenaires au développement de zones d’industries agro-alimentaires s et de corridors agricoles. L’objectif est d’accélérer les investissements dans les infrastructures intégrées pour améliorer la compétitivité des entreprises africaines de transformation et la valeur ajoutée des produits agricoles.
Une Facilité africaine de partage des risques agricoles
D’autres programmes d’action prévoient d’augmenter substantiellement les financements commerciaux dans l’agriculture, grâce à la mise en place d’une Facilité africaine de partage des risques agricoles.
“La BAD travaillera avec ses partenaires pour mobiliser $ 3 milliards de financements en faveur des femmes agricultrices, ainsi que des agro-industries et des autres entreprises appartenant à des femmes“, a annoncé le président de la BAD. “La mobilisation de ces fonds passera par la création d’une facilité de $ 300 millions, destinée à réduire les risques des entreprises appartenant à des femmes vis-à-vis des banques commerciales et des institutions de microfinance.”
Triplement des financements climatiques
La BAD entend également tripler ses financements climatiques à l’horizon 2020, les portant à $ 5 milliards par an, en collaborant étroitement avec l’Union africaine, la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et le G7, afin de mettre sur pied l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique.
En outre, la Banque aidera les pays africains à accéder à la Capacité africaine de gestion des risques, afin qu’ils puissent mieux gérer les risques de catastrophes naturelles liés au changement climatique.
Appels aux banques, à la diaspora et aux jeunes
Le programme d’action stipule également que les banques centrales africaines réserveront des fonds spéciaux qui permettront aux exploitants agricoles d’accéder à des crédits à des taux d’intérêt réduits et à des prêts agricoles de longue échéance.
La BAD prévoit d’émettre des obligations diaspora dédiées à l’agro-industrie pour titriser les flux de transferts de fonds de la diaspora vers l’agriculture et l’industrie agroalimentaire en Afrique, souligne le communiqué. Elle accélérera également le financement de l’agriculture et du secteur de l’agroalimentaire en recourant à des fonds privés de capital-investissement. Elle fera appel à des fonds souverains et à des fonds de pension, pour répondre aux besoins de financement à long terme du secteur agricole, pour développer notamment les infrastructures cruciales.
En outre, la BAD encouragera les banques de développement agricole à devenir plus fonctionnelles. Elle intensifiera la pratique du financement de récépissés d’entrepôt, la création de bourses de marchandises et de bourses régionales de produits agricoles de base en particulier.
Enfin, la Banque intensifiera son aide aux jeunes Africains pour qu’ils acquièrent les compétences agricole et établira une facilité de financement agricole qui leur sera dédiée, afin d’aider les jeunes agriculteurs commerciaux ainsi que tous les jeunes désireux de s’engager dans l’agriculture.
avec commodafrica